Par François Jarraud
Syndicats et associations de parents réagissent à la présentation par Nicolas Sarkozy le 13 octobre de la réforme des lycées. Si certains semblent soulagés par l’extrême modestie des propositions, la majorité des acteurs de l’Ecole est déçue.
Devant le nouveau texte, le Snes « prend acte » et évoque « un plan de réforme du lycée prudent et en partie décalé ». Si le syndicat évoque « de nombreuses zones d’ombre », il estime que le président » a tenu compte des mobilisations de l’année dernière ». Le Snpden accueille favorablement le texte mais pose la question de son application sur le terrain. Il » regrette que la question du baccalauréat soit éludée alors qu’elle est l’interface centrale entre l’enseignement secondaire et supérieur et que l’articulation des enseignements du lycée avec le socle commun soit peu abordée ».
Déception chez les parents. La Peep « attend une réforme du lycée ambitieuse » , constate « l’absence d’une proposition de changement profond » sur l’évaluation et croit que le texte est l’amorce d’une véritable réforme. A quelques jours de l’élection des représentants des parents d’élèves, la FCPE estime que « le chef de l’Etat se contente d’aménager l’existant. Il est déjà possible selon les textes de mettre en place chacune des mesures présentées. Tout est donc laissé à l’appréciation et à l’initiative des établissements, alors qu’il est douteux que le budget prévu pour 2010 pour l’Education nationale leur donne les moyens d’appliquer une seule de ces mesures. Rien n’a été annoncé en matière de pédagogie. Les lycéens continueront donc à devoir ingurgiter des heures de cours magistraux avant de rentrer chez eux surchargés de travail à la maison ».
Et chez les enseignants. » Les changements proposés ne correspondent pas à la réforme ambitieuse que le Sgen-CFDT, seconde organisation représentative des personnels de lycée, revendique » a déclaré ce syndicat. » Le droit à l’erreur est affirmé mais aucune mesure réellement alternative au redoublement n’est proposée… La mise en œuvre de l’ensemble de ces mesures reposera essentiellement sur l’investissement des personnels. Le Sgen-CFDT sera très attentif aux conséquences sur leurs conditions de travail et à la reconnaissance de cet investissement » Pour le Se-Unsa, « la réforme attendra… Le président de la République, sur le lycée, a préféré des mesures partielles à une réforme d’ampleur. Certaines de ces mesures, comme la fluidification des parcours lycéens ou les rapprochements avec l’enseignement supérieur, sont positives ; d’autres, comme l’aide individualisée ou l’orientation vont se heurter à l’insuffisance des moyens humains ».
Pour Education & Devenir, sous la plume de Claude Rebaud, » le président Sarkozy propose une série de mesures qui ne sont pas à la hauteur d’un diagnostic sur les difficultés actuelles de notre système scolaire, diagnostic partagé par la droite et la gauche…. Les mesures annoncées dans les domaines de l’orientation, de l’accompagnement des élèves, de la vie lycéenne s’apparentent plutôt à une proposition de catalogue où tout est mêlé, où les concepts restent flous ».
Pour JP Huchon, président de la région Ile-de-France, « on ne peut pas lancer une réforme et passer en même temps sous silence les suppressions massives d’emplois dans l’Education. En deux ans, le gouvernement Fillon aura supprimé près de 30.000 postes : 13.500 en 2009, 16.000 en 2010. » La région rappelle que « beaucoup de mesures annoncées reprennent des politiques menées de longue date par le Conseil régional d’Ile-de-France pour les lycées, domaine au cœur de ses compétences ».
Communiqué Sgen
http://www.cfdt.fr/rewrite/article/22114/zoom-sur/reforme-du-lycee.htm?[…]
Communiqué Snes
http://www.snes.edu/spip.php?article17737
Communiqué Peep
http://www.peep.asso.fr/art-76-communique-du-13-octobre-2009.html
Communiqué Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1899
Communiqué FCPE
http://www.fcpe.asso.fr/ewb_pages/a/actualite-fcpe-2320.php
Le lycée du coté des lycéens…
Les deux principales organisations lycéennes ont réagi au texte de N Sarkozy. L’UNL fait un accueil prudent à la réforme. « L’UNL craint une réforme inefficace par manque de moyens… Les intentions du Président de la République restent largement à préciser ». La FIDL soulève des questions. « Il y a des manques gravissimes », notamment « rien sur les inégalités entre les établissements… Il n’y a rien sur le fait qu’il existe d’un côté des lycées ghettos, des lycées poubelles, et de l’autre des lycées d’élite ».
Communiqué Unl
http://www.unl-fr.org/index.php?option=com_content&vie[…]
Dépêche AP
http://fr.news.yahoo.com/3/20091013/tfr-sarkozy-lycee-ref[…]
Les maths pèsent trop lourd dans le lycée français
« Aujourd’hui, le problème en France est que les mathématiques ont pris trop d’importance dans le système d’éducation » déclare au Monde Eric Charbonnier, économiste et expert des questions d’éducation à l’OCDE.
« La hiérarchie des filières n’est pas aussi marquée dans un certain nombre de pays » poursuit-il, « même si l’importance donnée aux filières scientifiques existe. Les pays qui réussissent sont aussi des pays qui ont développé des systèmes d’orientation entre le secondaire et l’enseignement supérieur beaucoup plus performants qu’en France. Souvent, les élèves français ne savent pas quelle orientation choisir à la fin du baccalauréat. Souvent, les élèves français choisissent aussi les filières mathématiques et scientifiques même si leur vocation est plus axée sur la littérature. Aujourd’hui, cette hiérarchisation pose un problème dans l’orientation entre secondaire et enseignement supérieur ».
Dans Le Monde
http://www.lemonde.fr/societe/chat/2009/10/13/le-lycee-en-f[…]
Comment valoriser le bac STG ?
C’est une des questions abordées dans le dernier numéro des Cahiers d’économie et gestion, édité par l’Apceg. Sylvie Cordesse-Marot relève un recul relatif de la réussite au bac en 2009 : diminution du nombre de mentions, faible progression des reçus par rapport aux autres bacs. Elle préconise un enseignement technologique pour tous en seconde. Signalons un autre article : Claude Ruel présente une expérience québécoise d’apprentissage de l’entreprise au primaire.
Cahiers economie et gestion
Les disciplines déjà l’arme au pied…
Trois petits extraits de la brochure ministérielle sur la réforme du lycée suscitent bien des commentaires sur le web. En page 3, les « mesures proposées » envisagent : « deux enseignements d’exploration en seconde au lieu d’un seul pour.. mieux choisir son parcours », « renforcer l’attractivité de la série L avec l’introduction d’enseignements nouveaux » et « une classe de première avec un tronc commun et des enseignements de spécialité autorisant les corrections de trajectoire ».
Bien qu’il soit clair que la réforme se fera, au mieux, à moyens constants, et probablement avec moins d’heures de cours, ces opportunités sont déjà guettées. Quels enseignements d’exploration seront proposés ? Quels nouveaux enseignements ? Ajoutons une autre question : aux dépens de quels disciplines se feraient ces éventuelles créations ? S’il a cru éteindre toute réforme et ne pas heurter les lobbys disciplinaires, le gouvernement pourrait s’être trompé…
La brochure lycée
http://media.education.gouv.fr/file/La_reforme_du_lycee/39[…]
La réforme du lycée
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/10/1[…]
Réformer le lycée : mission impossible ?
Darcos, Descoings, Apparu : redécouvrez les étapes de la réforme du lycée des prémisses de 2007 à la relance d’aujourd’hui. Le dossier spécial du Café fait le point sur les grands rapports qui ont permis de dessiner les axes de la réforme. Il interroge les spécialistes. Il explique pourquoi la réforme de 2008 a échoué.
Le dossier
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/200[…]
Le dossier du Se-Unsa
A quelques jours des propositions Chatel sur la réforme du lycée, le Se-Unsa publie son propre projet. « Certes, le contexte politique et économique est difficile, les conservatismes de tout poil sont aux aguets. Pour autant, faut-il s’interdire toute ambition de construire un lycée plus juste et plus efficace ? Faut-il s’arc-bouter sur le statu quo en se contentant d’exiger davantage de moyens ? Faut-il se satisfaire de quelques aménagements à la marge mais surtout ne rien changer à l’architecture actuelle du lycée ? » Le Se-Unsa appelle à « des changements profonds » au lycée et il nous invite à y réfkéchir à travers un excellent dossier consacré à la réforme du lycée.
« Pour nourrir le débat sur cette réforme à venir, nous avons élaboré ce dossier spécial. Il est riche de nombreuses contributions croisées d’experts, historiens, sociologues, pédagogues et acteurs de terrain qui ont accepté de travailler avec nous ». On remarquera par exemple la contribution de P Meirieu, qui propose 3 leviers pour transfromer le lycée, celle d’Eric de Saint-Denis sur le décrochage etc. Un document à méditer.
Dossier lycée du Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/UserFiles/File/publications/d[…]
Sur le site du Café
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