Par Françoise Solliec
Dans le schéma régional de la formation, faciliter l’emploi des jeunes est une priorité absolue. En réponse à cette problématique, la rencontre organisée le 27 mai au lycée René Auffray de Clichy, 92, faisait valoir des « voies de formation exigeantes pour des métiers exigeants », tandis que la rencontre organisée le 11 juin au lycée Jean Macé de Vitry, 94, visait à faire valoir la richesse et la diversité des actions engagées dans le dispositif Réussite pour tous.
Des formations en prise sur des métiers
« Notre réponse au chômage des jeunes », déclare Elisabeth Gourévitch, vice-présidente chargée des lycées, « c’est la fréquentation de l’école qui doit favoriser tous les talents et offrir les formations dans les meilleures conditions ». Les lycées des métiers, « dans une dynamique d’excellence qui rompt avec le passé, mais sait en préserver les acquis » sont des structures appropriées qui offrent des parcours complets du CAP au BTS, voire à la licence professionnelle, et permettent de multiples passerelles. Souvent associé à un CFA, le lycée des métiers a l’avantage de mêler différents publics et différentes modalités de formation et s’intègre bien dans un schéma de formation tout au long de la vie.
Le lycée René Auffray de Clichy (92) en est un bon exemple avec ses deux grands types de filières : métiers du social et de la santé, d’une part, hôtellerie, tourisme, restauration, d’autre part. Très implanté dans son environnement local, il jouit également d’un rayonnement international important. Les anciens du lycée se retrouvent partout, à Londres, à New-York, au Maroc, en Chine … mais aussi en France comme ceux qui sont venus témoigner cet après-midi. « La technicité est désormais une partie importante des métiers de l’hôtellerie et de la restauration », affirme l’un d’entre eux. Il est important d’avoir de bonnes bases et de pouvoir continuer à se former ensuite. La formation est de moins en moins un parcours linéaire ; on en ressent souvent le besoin à l’occasion d’expériences complémentaires ou de reconversions, déclare un autre.
Pour les enseignants, le défi est posé : la société a changé et il faut aborder de plus en plus de savoir-être, parfois longs à acquérir, et de savoir-faire dans les programmes de formation. Mais les stages en entreprise permettent aussi aux jeunes d’acquérir des attitudes professionnelles. La mixité tend à s’organiser entre statut scolaire et formation en alternance, mêlant par exemple des groupes de Bac pro ou de BTS pour certaines activités. L’augmentation souhaitée du nombre des apprentis (100 000 à l’horizon 2010), conduit à travailler encore plus étroitement avec les missions locales et à proposer des formations à ceux qui les fréquentent. Une partie de ces jeunes, cependant, n’est pas prête à signer aussi vite un contrat : il faut organiser des temps passerelle, de remise à niveau de connaissances et de travail comportemental. Dans les enquêtes, l’apprentissage s’avère payant pour 70% des stagiaires : 40% bénéficient d’une embauche, 30% poursuivent leur formation. Les autres reviennent vers les missions locales.
Les professionnels présents à la réunion insistent sur les synergies entre lieux de formation et lieux professionnels, qui favorisent l’acquisition d’une culture commune et permettent aux différents acteurs de mieux travailler ensemble, notamment pour aboutir à des certifications. Ils estiment que les jeunes sont bien formés à l’entrée dans le métier, mais que la motivation et les formations continues suivies ensuite différencieront les carrières.
Une riche palette de dispositifs de soutien
Le lycée Jean Macé est un lycée polyvalent accueillant environ 1500 élèves. Lycée des métiers de la métallurgie, il a longtemps souffert d’une image assez dégradée, mais peut s’enorgueillir aujourd’hui de proposer à ses élèves, à tous les niveaux, de multiples dispositifs de suivi et de soutien, qui s’adressent aussi bien aux élèves décrocheurs avec le micro-lycée qu’aux élèves de la voie générale désireux d’intégrer de grandes écoles, avec notamment la convention Sciences Po.
Après 3 ans au lycée, Sarah est maintenant en 1ère année à Sciences Po. Elle a suivi le module spécial de préparation où elle a « appris beaucoup, par exemple à gérer le stress, à passer des oraux, à renforcer la culture générale … C’est une chance apportée aux élèves qui ne penseraient pas sinon qu’il est possible d’aller dans une grande école ». L’association Tremplin propose des activités similaires aux élèves des filières scientifiques, sans sélection a priori. « Nous pensons que la mixité favorise la stimulation et bénéficie à tout le monde ».
C’est en effet un des axes du projet d’établissement que de faire envisager des études longues aux élèves, notamment à ceux de la filière STG. Plusieurs conventions ont été signées avec des universités ou des écoles « pour tirer les élèves vers le haut ». Une liaison plus spécifique avec paris 12 permet aux élèves de visiter les laboratoires et d’assister à quelques amphis.
Pour les élèves entrant par défaut dans la voie professionnelle, l’enjeu principal est de leur faire retrouver une motivation. Ainsi les enseignants font-ils interagir les élèves des différentes formations d’un même secteur pour leur faire découvrir les parcours possibles et leurs évolutions. L’accompagnement est très important, tant pour faire réaliser aux élèves qu’ils ont des capacités que pour leur donner une vision dynamique de leur métier.
En parallèle, un accompagnement, animé par la ligue de l’enseignement locale, offre aux élèves des espaces de travail où l’on va encourager le travail collectif et aborder la problématique de l’orientation, les méthodes d’apprentissage, le repérage des difficultés
Les élèves repérés comme absentéistes au 1er semestre (absents aux cours, mais pas forcément de l’établissement) se voient proposer un contrat, impliquant également leur famille. Ils suivent des activités variées (escalade, théâtre, cours de maths et de français, travaux en atelier) et consacrent du temps à la définition d’un projet professionnel. « Le travail est difficile », explique Régine Bernard, enseignante dans le dispositif, « car ces groupes hétérogènes demandent beaucoup de constance et de qualité d’écoute. On n’a pas forcément les bonnes réponses et il faut déployer une grande énergie pour un petit nombre d’élèves.
Un micro-lycée accueille depuis 1 an 48 jeunes en décrochage de la voie générale ou technologique (totalement déscolarisés depuis au moins 1 an). Il s’agit pour l’équipe enseignante qui a monté la structure de les raccrocher dans un fonctionnement collectif, de leur redonner envie d’apprendre et de les accompagner jusqu’au baccalauréat. Les jeunes y arrivent de tous les horizons, CIO, missions locales, Internet, presse, etc.
« L’augmentation du niveau de formation et de diplômes garantit un meilleur accès à l’insertion professionnelle, avec un meilleur salaire », rappelle Elisabeth Gourévitch en conclusion de la rencontre. La lutte contre le décrochage est une des actions prioritaires de schéma régional des formations. Menée en partenariat avec les 8 départements, elle connait des premiers résultats satisfaisants qui visent à encourager les actions menées dans les collèges.