Par François Jarraud
Le 17 mars 1808, Napoléon Ier créait le baccalauréat et c’est sans doute l’occasion de revenir sur ce pilier du système éducatif français.
La première session, en 1809, alignait 31 candidats qui ne présentaient que des épreuves orales portant sur les auteurs classiques, la rhétorique, l’histoire, la géographie et la philosophie. C’est en 1830 qu’apparaît la première épreuve écrite et en 1853 une épreuve de langue vivante. En 2007, ils étaient 621 532 pour les épreuves de terminale seulement, soit dix fois plus qu’en 1960, produisant plus de 4 millions de copies. Entre temps sont apparues les bacs technologiques (1968) et professionnels (1985) ainsi que les séries actuelles du bac général (1993). La proportion de bacheliers dans une génération est passée de 1% en 1900 à 20% en 1970, 40% en 1989 et 64% en 2007.
Le bac est-il donné à tout le monde ? On observe une tendance forte depuis plus de dix ans : en France le taux d’accès au bac stagne depuis 1995. 62,7 des jeunes ont eu le bac en 1995, 62,5% en 2005, 64,2% en 2007. Cette stabilité n’est due qu’à l’expansion lente des bacs professionnels 8% en 1995 contre 12% en 2006). Car le bac général régresse : il touchait 37% d’une génération en 1995 contre 35% en 2006.
On observe également de forts écarts entre groupes sociaux : le taux de réussite au bac est de 90% pour les élèves dont les parents sont cadres, 86% pour les professions intermédiaires, 83% pour les employés et 76% pour des parents ouvriers. On observe également un fort écart entre sexes : 82% des garçons sont reçus contre 85% des filles.
Y a-t-il trop de diplômés ? Deux thèses s’affrontent. Pour certains la pression vers l’acquisition de diplômes de plus en plus élevés, ce que Marie Duru-Bellat appelle »l’inflation scolaire », ne se justifie pas par des nécessités économiques et renforce les inégalités sociales. Dans cette course, les enfants des familles favorisées creusent davantage l’écart et les enfants des milieux populaires sortent frustrés de leurs efforts. Pour d’autres, le déploiement de l’économie de l’information nécessite une main d’œuvre de mieux en mieux formée. La montée des diplômés correspond à une nécessité économique et participe de l’enrichissement de tous.
La France a-t-elle davantage de bacheliers que ses voisins ? Dans tous les pays de l’Union européenne, un document certifie la fin de l’enseignement secondaire Selon les statistiques de l’Unesco, le taux brut de diplômés de fin du secondaire s’établit à 51% en France contre 92% en Finlande, 73% aux Etats-Unis, 74% en Italie. Le taux brut de diplômés du supérieur est à 38% en France contre 62% aux Etats-Unis, 74% en Finlande, 55% en Italie.
Que deviennent les bacheliers ? Selon une étude ministérielle, près de 90% des bacheliers poursuivent leurs études. Mais tous ne rencontrent pas les mêmes difficultés. Si 3% seulement des étudiants en STS (il s’agit des étudiants en BTS) se réorientent au bout d’un an, c’est le cas de la moitié des élèves des prépas littéraires ou de 16% des étudiants en université. Comment expliquer ces décalages ? Le type de bac joue fortement : ainsi en université 83% des bacheliers généraux ne changent pas d’orientation à la fin de la première année, contre la moitié des bacheliers technologiques ou professionnels. Comment l’expliquent-ils ? Plus d’un étudiant en université a du mal à s’organiser dans son travail et un sur trois manque d’intérêt pour les matières étudiées. Mais l’encadrement est aussi en cause. Ainsi seulement un étudiant en université sur cinq trouve du soutien pédagogique dans l’établissement.
Que devient-on sans le bac ? Sans le bac, rien n’est perdu ! Outre le redoublement et la préparation à distance, il est possible de préparer un bac professionnel, de choisir l’alternance, ou d’entrer en fac sans bac avec une capacité en droit ou en gestion ou encore en passant le diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU).
Pour une rétrospective du bac
http://media.education.gouv.fr/file/48/6/5486.pdf
Les résultats de 2007
http://media.education.gouv.fr/file/90/5/5905.pdf
Inflation scolaire
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/11032007A[…]
Le devenir des bacheliers
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni/ni2[…]
Que faire sans le bac ?
http://www.cidj.com/Viewdoc.aspx?docid=[…]
Les statistiques Unesco
http://www.uis.unesco.org/TEMPLATE/pdf/ged/200[…]
Sur le Café, le Guide Bac – Brevet 2007
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/dossierB[…]
2008 : 83,3% de reçus
Le ministère a rendu publics les premiers chiffres du bac. Le cru 2008 se situe au niveau de 2007 avec 83,3% de reçus, tous bacs confondus. Cela représente 63,4% d’une génération, un taux à peu près stable depuis plus de 10 ans. 87,8% des candidats au bac général l’ont obtenu, soit 86,1% en L (+ 1,8% par rapport à 2007), 89,1% en S (+ 0,7%) et seulement 86,8% en ES (-1,5%).
Le bac technologique progresse avec 80,2% de reçus (+0,7%). Les bacs professionnels régressent avec 76,6% de reçus (- 0,3%).
On observe de forts écarts entre académies. Créteil n’a que 80% de reçus au bac général et 71% au bac technologique là où Grenoble obtient 93% au bac général et Nantes 87% au bac technologique.
Statistiques officielles
http://www.education.gouv.fr/cid21654/baccalaureat-2008-un-tau[…]