Par Françoise Solliec
En présentant à la presse son plan d’actions 2009, Xavier Darcos est revenu point par point sur les réformes engagées, souvent fortement contestées, pour expliquer que toute sa politique était dictée par un objectif de lutte contre l’injustice sociale : « l’école est la meilleure alliée du progrès social ».
C’est à un véritable exercice d’explication, voire de justification, que s’est livré Xavier Darcos pour présenter à la presse le 22 janvier son programme d’actions 2009. Rappelant que l’école n’est pas un service public comme les autres, car « elle est intimement liée au pacte républicain », le ministre de l’éducation nationale a estimé fort naturelles les nombreuses réactions suscitées par les réformes récentes : « chaque fois qu’on touche à l’école, on suscite passions et discussions ». Mais, poursuit-il, l’évolution de la société oblige à lutter contre les conservatismes et à faire progresser l’école.
« Je revendique la politique que je mène » a-t-il déclaré, « dictée par la lutte contre l’injustice sociale ». Les chiffres des performances du système scolaire rendent, selon lui, les réformes nécessaires. Ainsi, affirme-t-il, dans mon projet, l’école primaire s’est renforcée au service des élèves en difficulté, avec des programmes plus courts et plus adaptés. Les évaluations de janvier en CM2 auront l’avantage de pouvoir cerner les principales difficultés des élèves à temps pour pouvoir les corriger. Il estime que les 2h d’aide individualisée « fonctionnent très bien » et qu’il n’y a aucune logique à vouloir priver les élèves de CM1 et de CM2 des stages de remise à niveau. Quant aux 3000 postes Rased, 1500 d’entre eux seront redéployés dans les écoles les plus en difficulté, tandis que les 1500 autres seront rattachés à un secteur restreint.
Le ministre a prononcé un véritable éloge de l’école maternelle. Afin de mieux informer les parents de son action, un livret d’accompagnement détaillant ses programmes leur sera diffusé, en partenariat ave l’AGEEM. Un pôle spécifique d’appui aux enseignants sera créé dans chaque département et des ressources seront mises à disposition, accompagnant un plan national de formation.
La réforme du Bac pro est un succès, notamment grâce aux enseignants, estime Xavier Darcos. On a inscrit cette année 67 000 élèves dans cette filière soit 30% de plus que l’an passé. Le BEP, rénové, continuera d’exister en tant que diplôme pour ceux qui n’auraient pas capacité à aller jusqu’au bac. Là encore, « nous travaillons pour les plus fragiles » affirme le ministre, qui rappelle les mesures nnoncées dans le plan « Espoir banlieues », notamment la multiplication des écoles de la deuxième chance et la mise en place d’internats d’excellence.
Pour Xavier Darcos, le programme d’actions 2009 renforce le lien avec les familles, qui doivent s’approprier davantage les programmes. Pour cela, un guide du primaire sera diffusé à la rentrée prochaine. Il considère aussi que l’accompagnement éducatif, l’accueil en cas de grève, « même si c’est une question très difficile », font partie des services rendus aux familles.
Enfin, le ministre a rappelé les mesures prises pour faciliter la vie et la carrière des enseignants : rémunération des heures supplémentaires, prime de début de carrière, prêt à taux 0 pour les enseignants mutés, élévation du niveau de formation initiale au master et, à venir, de nouvelles perspectives professionnelles et financières. Il a également tenu à affirmer que les suppressions d’emplois n’avaient aucune conséquence pour les élèves, puisque les heures complémentaires permettaient de maintenir les hor aires élève et que la réforme du lycée se mènerait à encadrement constant.
Dans les chantiers non achevés figure tout d’abord la réforme du lycée. Richard Descoings, missionné pour entamer de nouvelles discussions, devrait un rendre un rapport d’étape en mai et des conclusions devraient être présentées en octobre par le président de la république. D’ores et déjà, il est prévu que des expérimentations puissent de mettre en place dans des établissements volontaires.
Estimant que l’orientation est un point clé dans le système éducatif, le ministre a décidé de mettre en place un nouveau service d’orientation, avec un point d’entrée unique académique, téléphone et Internet, assuré par des équipes mixtes de conseillers de l’Onisep et de Co-psy. A ce sujet encore, les lycées volontaires pourront mettre en place dès l’an prochain une semaine de l’orientation.
Pour lutter contre l’absentéisme , qui touche près de 11% des élèves de LP, il est prévu de recruter, sur des emplois aidés, 5 000 médiateurs de réussite scolaire qui seront implantés dans les établissements où l’absentéisme est le plus fort et dans les 215 quartiers politique de la ville. Un objectif de réduction de 30% du nombre des élèves absentéistes est fixé dans les 100 établissements où ce taux est le plus fort.
Pour lutter contre la violence à l’école, des mesures nouvelles sont prévues : adapter les mesures disciplinaires, remplacer certaines sanctions par des travaux d’utilité collective et diffusion d’un code de la paix scolaire.
Enfin, pour donner toute sa place à la diffusion du savoir avec les TICE, une académie virtuelle viendra porter à 31 le nombre des académies. Elle proposera des documents de formation téléchargeables gratuitement sur l’ensemble des programmes du 1er du 2nd degré. Cette création vise tout spécialement un public de « décrocheurs » qui aurait besoin d’aide pour reprendre des études ou des adultes qui veulent compléter leur formation ou aider leurs enfants. Un service d’aide scolaire sera également proposé. « Mais tout ceci ne remplacera jamais la classe ! », déclare Xavier Darcos.
Anticipant les questions suscitées par l’article de Luc Cédelle, dans le Monde du 22 janvier sur « sa lassitude envers l’univers de l’éducation nationale », le ministre estime que sa mission est loin d’être terminée « on n’arrête pas une fusée en cours de route lorsqu’elle a décollé ». Il n’y a pas de projet politique sans projet scolaire pour la nation, conclut-il, en passant à la phase d’interview audio et vidéo sans donner au reste de l’assistance le loisir de poser des questions complémentaires.