Ignasi Vila,
Université de Girona : l’acquisition de la langue
de l’école par des élèves
étrangers
Environ 15%
d’élèves catalans ne sont pas
catalophones. Conséquence logique : le temps
nécessaire pour qu’ils apprennent à
parler l’espagnol de l’Ecole est donc plus long,
parfois de plusieurs années. On ne parle pas la
même langue à la maison qu’à
l’Ecole, que ce soit l’espagnol ou une langue
étrangère. La
compréhension par les élèves de ce qui
se passe à l’Ecole est donc plus difficile,
dans un processus coûteux et lent.
Ce «décalage linguistique»,
moins présent à l’oral
qu’à l’écrit,
ajouté aux écarts de milieux sociaux des
familles, pose
problème aux enseignants. Dans une recherche
mise en œuvre par l’équipe
d’Ignasi Vila, on a cherché à modifier
les résultats scolaires en s’appuyant sur des
pratiques scolaires réorganisées : plus de place aux interactions
orales, souvent en petit groupe, afin que les
élèves puissent davantage comprendre le sens des
activités scolaires, y compris en « négociant
le signifié » des tâches
scolaires, grâce aux explicitations orales. « On s’est
rendu compte que les élèves n’avaient
pas forcément de difficultés de
compréhension, mais des difficultés pour
accéder à la langue qui leur permet
d’expliquer ce qu’ils comprennent. » (voir
aussi la contribution de J-Y.
Rochex dans ce dossier)
Les verbalisations
successives permises par la situation scolaire organisée par
l’enseignant permettent
d’entrer dans un véritable processus
d’apprentissage, notamment en permettant aux
élèves de reformuler « dans leur langue
» les contenus des textes écrits
fréquentés.
Petit bémol des
résultats de cette recherche, cependant : si on distingue
des évolutions importantes dans les compétences
des élèves, on remarque que les
progrès sont moins sensibles pour certaines origines
linguistiques, lorsque la construction de la langue est très
distante de celle du Catalan. Pour I. Vila, « c’est sans
doute parce que la
langue d’origine codifie la réalité,
organise des « préférences cognitives
», et font surgir certains signifiés qui ne sont
pas forcément transférables dans la langue
d’accueil. »
Christiane Moro,
Université de Lausanne : « un outil pour modéliser
les situations ordinaires de classe au regard du
développement de la parole au préscolaire »
En matière de
développement psychologique, Vygotski utilise plusieurs
thèses, dont une centrale autour de laquelle tournent les
autres : celle de la Zone Proximale de développement. Comment réarticuler
enseignement, apprentissage, développement ?
L’équipe de Christiane Moro cherche à
faire une cartographie des usages de l’oral dans les classes
de petits en maternelle.
Dans ces classes, les
programmes ne sont pas encore disciplinaires, mais centrés
sur des situations collectives
d’apprentissage. On y apprend à se
dégager progressivement du langage de situation,
à se distancier.
Dans une recherche
récente, l’équipe de Lausanne
enregistre des situations de classe, et tente de resserrer
l’observation sur une focale précise : celle du
développement de la parole.
Quelles que soient les situations, l’enseignant prend en
charge le « ralentissement
» de l’activité, pour tenter de
réorienter l’élève vers des
procédures efficaces. Plus les enfants sont petits, et plus
il est nécessaire de prendre des précautions pour
tenter de « suspendre l’activité
» : il est en effet difficile d’arrêter
l’activité d’un enfant de deux ans et
demi… On peut par exemple s’en sortir en proposant
à une enfant de regarder
faire sa voisine pour l’aider à
prendre de la distance sur sa propre activité. Encore faut-il que
l’enseignante sache identifier
précisément ce qui n’a pas
fonctionné dans la procédure…
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