Par Monique Royer
En juin dernier, nous avons rencontré Philippe Steger au forum des enseignants innovants de Dakar. Visiblement, sa présentation de Wapeduc, l’école nomade, a rencontré un franc succès auprès d’un public d’enseignants souvent confrontés à des problèmes d’accès aux Tice. Six mois après, nous le rencontrons à nouveau pour faire le point sur les développements de son projet.
Est ce que vous pouvez nous rappeler le principe de WapEduc, l’école Nomade ?
Le principe de l’école nomade est : « j’apprends, je m’informe, où je veux et quand je veux ».
La possibilité de consulter partout et tout le temps (transports scolaires, domicile, temps d’étude) des compléments de cours, conseils, documentations courtes, messages sonores et visuels, ainsi que des questionnaires ouvre un passionnant et vaste champ d’investigations.
En quoi le téléphone portable est il le support privilégié de ce principe de l’école Nomade ?
Une première constatation s’impose : le taux d’équipement des élèves en matière de téléphones portables varie de 65 % à 100 % selon les classes. La généralisation des mobiles au sein de la population scolaire, et leur migration rapide vers des téléphones portables sophistiqués ressemblant à des assistants personnels (PDA ou agendas numériques), ouvrent la voie à un nouveau support de ressources à la disposition des élèves et des enseignants.
C’est précisément le téléphone portable, perçu comme terminal d’apprentissage, de révision de cours et d’évaluation, qui a attiré toute notre attention dans le cadre d’une nouvelle ergonomie scolaire. Notre innovation pédagogique s’appuie sur les technologies de la téléphonie mobile afin de créer des ressources et de mettre en ligne la future « Ecole nomade ». On peut imaginer que tous les adolescents des années 2007-2010 seront équipés de mobiles ou y auront accès dans la famille, c’est donc maintenant qu’il faut penser aux ressources qui leurs seront accessibles.
Quels types de ressources sont accessibles ?
Il y en aura près de 900 cours en cette fin de l’année 2007. Tous les niveaux, du CM1 aux classes post-bac, pour les matières principales, sont représentés. Les ressources pourront prendre la forme de cours, d’informations, d’exercices, d’images ou de vidéos dans les deux ans à venir. Nous développons également une aide à l’orientation, des conseils de santé, une page culturelle et une page « Environnement », que vous pouvez découvrir sur : http://wapeduc.org
Existe-t-il un lien avec d’autres outils mis à disposition des enseignants, les environnements numériques de travail, par exemple ?
Cette plate-forme évolue vers un Environnement Numérique de Travail Mobile, (ENTM), au sein duquel l’enseignant pourra déposer des ressources sur le site Web WapEduc et celles-ci seront accessibles à l’élève par téléphone portable. De plus, sont prévus un agenda partagé, une messagerie ainsi que l’accès à un forum et des news : le mobile pourrait devenir ainsi une interface de dialogue entre l’enseignant et l’élève.
Les réactions du public de Dakar à votre présentation de Wapeduc étaient enthousiastes. Le mobile est très présent au Sénégal et contrairement à l’ordinateur, s’exonère des difficultés d’accès à l’électricité. Est ce que les contacts pris se sont traduits par des projets concrets ?
En partenariat avec les grands acteurs de la technologie informatique et mobile, nous mettons en œuvre un vaste projet dont l’objectif est d’évaluer le potentiel que représente le téléphone portable en Afrique de l’ouest. Les élèves et étudiants sont de plus en plus équipés de mobiles, alors que les ordinateurs sont rares. On peut supposer qu’en matière d’accès à des interfaces numériques et dans le cadre du E-learning, les pays africains (de même que l’Inde qui est en avance) utiliseront directement le mobile (consultation, informations, formations) et non l’ordinateur. Le « Mobile-learning » éducatif, que nous appelons « L’Ecole Nomade », résout à la fois le problème du terminal d’apprentissage, de son coût, de son accessibilité et de son autonomie. (chargeurs solaires ou mécaniques)
Si l’expérimentation est validée (Université de Dakar), plusieurs milliers d’élèves et d’étudiants pourraient être équipés de mobiles en 2009-2010, avec accès gratuit aux contenus WapEduc.
Nous avons des contacts à Abidjan, Cotonou, Tananarive, Dakar et Casablanca : l’année 2008 sera probablement celle de l’accès à des contenus pédagogiques et culturels pour les élèves et les étudiants de ces villes.
Combien coûte Wapeduc ?
WapEduc est accessible quel que soit l’opérateur et le type de téléphone (2 euros pour un mois), et deviendra gratuit dans la courant de l’année 2008.
Comment est financé le système ?
Le modèle économique est confidentiel car très complexe à mettre en œuvre.
Le moins que l’on puisse faire pour des ressources éducatives qui visent à lutter contre l’échec scolaire et contre la fracture numérique est d’en faire supporter le coût par d’autres acteurs que les élèves.
Comment peut on y accéder ?
1/ A partir de votre PC, en vous connectant sur www.wapeduc.org , vous pouvez utiliser des téléphones virtuels et vous rendre compte de ce que cela peut être sur téléphone portable.
2/ Sur votre portable, chercher le menu WAP : Entrez wapeduc sur le portail Gallery.
ou bien envoyez un SMS au 30130 en écrivant wapeduc.
Merci Philippe
A noter que « WAPEDUC » a été soutenu par le rectorat de Montpellier et récompensé par les « E-learning Awards« , comme étant un des 10 projets les plus innovants parmi les 600 projets présentés.