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Par JP Raud Dugal
Robert Belle, La Bulle Verte. La ruée vers l’Or des énergies renouvelables, Scali, 2007, 296 p.
Compte-rendu de JP Raud Dugal pour le Café Pédagogique
Robert Bell est professeur en management et président du Département des Sciences Économiques du Brooklyn College. Il présente lui-même ce livre comme une « carte routière de la révolution des nouvelles énergies ».
Avant tout, cet ouvrage est au cœur d’une actualité géographique très dense avec le prochain Festival International de Géographie qui sera consacré aux énergies renouvelables mais aussi dans un contexte économique et géopolitique très dense sur la déplétion pétrolière déjà amorcée. Un article paru en janvier 2007 dans la revue « Géographie, Économie et Société », « L’industrie aéronautique toulousaine et la déplétion pétrolière : quelles perspectives ? » de Frédéric Leriche et Jean-Marc Zuliani font état des inquiétudes quand à la nécessité du développement de l’après pétrole.
On peut citer aussi la mise au point consacrée au développement durable dans le site Géoconfluences http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/transv/DevDur/Devdur.htm Robert Dell sera l’invité de Sylvain Kahn dans « Planète Terre » sur France Culture le 23 Mai 2007. http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/planete/ ).
La théorie de Robert Bell est simple : nous allons passer du tout pétrole à l’ère d’un monde dominé par les énergies renouvelables. Qu’est-ce que la « bulle verte » ? Une bulle boursière, comparable à celle qui a contribué à l’essor des technologies de l’information et qui éclatera une fois les prédateurs ayant estimé avoir suffisamment spéculé. La fin du pétrole, loin d’être progressive, devrait être, selon l’auteur, précipitée. Il rappelle que toutes les routes mènent à la fin de l’ère pétrolière. Le pic pétrolier et les ruptures de stock, l’augmentation de la demande et le réchauffement de la planète ne mènent qu’à cette conséquence. Robert Bell s’attache tout au long de son ouvrage à rappeler la phrase de George W. Bush lors de son discours sur l’Etat de l’Union en janvier 2006 : « Nous avons un sérieux problème, l’Amérique est accro au pétrole ». Ces analyses suivent celles des compagnies d’assurances qui reconnaissent l’ampleur des phénomènes naturels et cherchent à présent à lutter contre le changement climatique. En effet, la multiplication des risques, pour eux et les fonds de pension, les conduisent à repositionner leur politique à court terme vers les nouvelles énergies.
Quelles sont alors les technologies qui marchent ? L’auteur, après avoir condamné aussi bien le gaz naturel qui serait proche du pic, ou du nucléaire comme de la piste à combustible trace les grandes lignes du futur. L’amélioration de la technologie propre aux éoliennes, les nanotechnologies pour lesquelles le Japon est le fer de lance, mais aussi l’éthanol brésilien comme la voiture propre développée par Toyota.
Les États-Unis seraient-ils ainsi dépassés dans la course aux énergies renouvelables ? Robert Bell répond par l’affirmative. Les subventions accordées aux entreprises liées aux nouvelles énergies sont brutalement coupées et, surtout, les brevets américains sur les énergies du futur sont laissés libres aux autres pays (Canada, Japon, Brésil, etc.) qui se délectent de cet abandon américain. Au contraire, de nombreux pays augmentent leurs subventions comme en Allemagne, au Danemark ou en Espagne
Alors pourquoi peut-on parler d’une « bulle verte » ? Les spéculateurs sont déjà très nombreux à œuvrer autour de ces changements. Leur stratégie est simple : ils ne souhaitent pas des précisions trop importantes quant à la faisabilité de ces technologies et le temps qu’il faudra pour les mettre sur le marché.
Quels problèmes émergent ? Comme le remarque l’auteur, l’énergie qui alimente un système est toujours plus importante que l’énergie qu’on en retire. Par exemple, les biocarburants déplacent simplement le problème. Il rappelle, là aussi les conséquences de production de la canne à sucre ou du soja et donc de l’éthanol et du biodiesel sur l’environnement avec une déforestation exponentielle. Il en oublie quand même de mentionner le risque lié à la croissance de l’utilisation des OGM. Néanmoins, la visite en mars 2007 de Georges Bush à Lula au Brésil étaye la thèse de l’auteur quant à la prise de conscience de la dépendance américaine et d’un avenir qui s’annonce peu prometteur.
Même si certaines analyses peuvent apparaître partisanes (très anti-Bush), l’ouvrage, que l’on peut lire comme un polar, est stimulant par les portes qu’il ouvre, la vision d’avenir qu’il propose et les acteurs qu’il identifie. Certaines analyses, comme les termes de l’accord lié au Protocole de Kyoto, sont pertinentes et permettront à une majorité de lecteurs de percevoir les enjeux politiques et économiques autour de ce mouvement de fond qui se tourne actuellement vers les nouvelles énergies. Robert Bell a-t-il raison ? La question est plus sur les conditions de ce mouvement que sur ses analyses. Au moins, l’auteur assène sa vérité à cent mille lieues des discours officiels et qui, bien plus que le film de Al Gore, propose des pistes de réflexions très poussées. Nous conseillerons donc cet ouvrage aux professeurs, bien entendu, qui doivent intégrer ces problématiques du développement durable (comme le rappelle le récent plan triennal sur l’EEDD) , mais aussi à toutes les personnes qui souhaitent appréhender un futur qui est à portée de main.
Une interview de Robert Bell pour Libération http://www.liberation.fr/actualite/economie/239723.FR.php
New Energie Finance New Energie Finance permet d’avoir des indications très intéressante sur les énergies renouvelables et sur les potentialités financières. On pensera à s’abonner à la newsletter qui offre des informations très intéressantes : http://www.newenergyfinance.com/
A (ré) écouter, la participation de Robert Bell à l’émission de France Culture, « Planète Terre », Les énergies renouvelables vont-elles révolutionner la planète ? : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/planete/fiche.php?diffusion_id=51049
Un grand merci à Victoria et Jack Marchal des Éditions Scali pour leur aide.
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