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Une des plaintes les plus fréquentes entendues dans les établissements scolaires a trait à l’augmentation des incivilités, des comportements agressifs, du non respect des élèves envers les biens et surtout les personnes. On perçoit, chez les enseignants une sorte de fatalisme devant ces comportements jugés inévitables et en tout cas impossibles à maîtriser. Les parents eux mêmes n’hésitent plus à imposer leurs points de vue, parfois avec beaucoup de violence verbale et même physique. Ces comportements n’ont rien à voir avec la nécessaire confrontation jeunes-adultes, les pulsions difficiles à maîtriser, le mal de vivre qui s’exprime. Il s’agit de notre point de vue de comportements de transgression des règles minimales pour vivre ensemble avec nos différences. Ces transgressions ne se retrouvent pas qu’à l’école. Elles sont foison dans les familles où des enfants de 12 ans traitent leurs parents de sales cons, dans la rue, au marché, en voiture. Elle s’exprime au quotidien dans les établissements scolaires où l’égocentrisme aveugle, le réactionnel systématique sans commune mesure avec l’élément déclencheur entraîne des comportements excessifs lorsque la réalité ne correspond pas aux désirs des élèves ou des parents. Face à ces dérapages, il y a de grands risques au recours à la force, au repli sur soi, à la violence, à la pulsion, au rejet de l’autre… Une autre voie est possible, celle de se rencontrer, de se parler, de réfléchir et d’agir pour poser les fondements de » Comment vivre ensemble » C’est ce que propose l’ouvrage » Elèves, professeurs, apprentissages : L’art de la rencontre » en développant le projet éducatif dans quatre directions : 1. La transmission des savoirs, des savoir-faire, l’intégration d’apprentissages, le développement des ressources et des moyens. 2. La régulation des groupes en posant les bases des règles de vie en commun et en les faisant respecter. 3. L’éveil à la construction des savoir-être et des savoir-devenir 4. La mise en place d’une relation d’accompagnement, avec les points développés dans l’ouvrage : un projet, une durée, des lieux, des ressources, des exigences et une capacité à poser des refus et à offrir des gratifications. Les outils de communication présentés dans « L’art de la rencontre » peuvent aider à clarifier cela… même s’ils ne marchent pas toujours. Enseigner la communication à l’école va devenir aussi important qu’enseigner l’histoire, la géographie, les maths…. Il va être indispensable d’apprendre à mieux communiquer (c’est à dire à mettre en commun), et apprendre aux élèves à mieux différencier la communication relationnelle de la communication de consommation (confondue avec la circulation de l’information ); leur apprendre aussi à décrypter les images, les tentatives de manipulation, les messages médiatiques à visées idéologiques… Se former en effet, c’est au-delà de la rencontre de l’autre, prendre le risque de la confrontation, du partage, de l’échange. Se former, c’est permettre à des élèves de se confronter à d’autres élèves. Le danger, serait de laisser les jeunes dans leur propre » culture » sans leur apprendre qu’il est possible de se dire autrement que par des violences, des grossièretés… et sans leur dire qu’ils peuvent être entendus à défaut d’être compris. C’est leur rappeler que comme adultes, nous ne sommes là pour répondre non pas à tous leurs désirs, mais à leurs besoins. Les propositions très concrètes développées dans cet ouvrage qui se réfèrent à la méthode ESPERE, mais aussi aux grands auteurs de l’humanisme républicain permettront aux enseignants de trouver des chemins possibles à explorer avec les élèves mais aussi en équipe. Marc EDOUARD Marc Edouard, Elèves, professeurs, apprentissages. L’art de la rencontre. Collection « Repères pour agir Second degré », CRAP Cahiers pédagogiques – CRDP d’Amiens, Amiens, 2002, 187 pages. |
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