« La plupart des pédagogues ont cru, à un moment ou à un autre, à la possibilité de l’avènement du pédagogique dans le politique. D’une certaine manière, c’est très heuristique d’y croire : cela permet d’inventer des choses nouvelles. Il y a une vraie fécondité dans cette illusion. Même si cela reste une illusion. Disons que c’est une illusion nécessaire. Il faut y croire et, en même temps, accepter que le politique soit radicalement hétérogène au pédagogique ». En guise de voeux, Philippe Meirieu nous fait réfléchir sur l’impact de l’échéance électorale de 2007.
« Nulle politique ne peut décréter la pédagogie. Au bout de la chaîne et, quelles que soient les instructions officielles et les structures institutionnelles, c’est bien la manière d’interroger Stéphanie et Farid qui fera toute la différence. Pas seulement, parce que l’interrogation pourra être plus ou moins bienveillante (ce qui rabattrait le pédagogique sur le psychologique), mais aussi parce qu’elle sera plus ou moins pertinente en fonction des mots employés, de l’exemple évoqué, de la place dans la progression, des interactions possibles avec les autres élèves, etc.
Alors, faut-il que le politique renonce à s’intéresser à l’avenir de Stéphanie et Farid ?… Certainement pas. Car, de même que le fait qu’un enseignant ne puisse apprendre à la place d’un élève ne réduit pas l’enseignant à l’impuissance, de même, le fait que le politique ne fasse pas directement la classe ne l’empêche nullement de créer les conditions pour qu’elle se fasse bien. Et voilà l’urgence. À la convergence de l’éducation et de la pédagogie. Quand on rend les choses possibles ».
Sur le site de P. Meirieu