e-Portfolio 2006
« Au vu du petit nombre de français présents à la première conférence francophone sur le e-portfolio qui se tient en ce moment à Québec, on peut se poser quelques questions. Les rencontres passionnantes qui se tiennent en ce moment au coeur de la ville de Québec rassemblent plus de 200 personnes dont au moins une centaine sont impliquées directement dans des actions ou des recherches autour du e-porfolio ». De Québec, Bruno Devauchelle nous envoie ce premier compte rendu de la conférence e-portfolio.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/portfolio_index.aspx
http://www.eportfolioquebec2006.org/
Ecole et construction identitaire
« Dans une société de plus en plus hétérogène sur le plan linguistique et culturel, quel rôle joue l’école dans la façon dont les élèves développent leur rapport à l’identité, en particulier en ce qui concerne le rapport à la langue et à la culture? Comment le personnel enseignant compose-t-il avec cette nouvelle réalité où les identités sont de plus en plus éclatées? Comment l’école contribue-t-elle au processus de construction identitaire des élèves dans une société pluraliste? »En introduisant ce nouveau numéro d’Education et Francophonie, Diane Gérin-Lajoie rappelle que « le pluralisme linguistique et culturel au sein de la clientèle scolaire fait partie de la nouvelle réalité de la salle de classe ». L ‘école n’est plus monoculturelle.
François Dubet ouvre le numéro en dressant le portrait d’une école profondément prise « dans un processus de désenchantement et de massification continue ». Du coup, « les épreuves des acteurs changent de nature…au fur et à mesure que l’école cesse d’être une institution totalement identifiée aux valeurs dont elle se réclamait ». Par exemple, « la légitimité de la culture scolaire ne s’impose plus avec la même force dans les sociétés où la culture de masse, quelle que soit la manière dont on la juge, affaiblit le monopole culturel de l’école. Il y a cinquante ans, pour les enfants des classes populaires, la culture scolaire était la seule qui leur permettait d’élargir leur horizon pour les libérer des routines et des clôtures de leur classe sociale, de leur village et de leur ville. Aujourd’hui, ces enfants échappent directement aux limites de leur propre monde social par la grâce des médias » Cette crise de légitimité fait évoluer à la fois les attitudes des élèves et le métier d’enseignant.
Plusieurs articles se penchent sur les jeunes issus de l’immigration. En Belgique, Marie Verhoeren, partant d’observations sociologiques, montre que les constructions identitaires évoluent et de façon différente selon les positions sociales des jeunes issus de l’immigration. Dans les écoles populaires les jeunes se divisent entre repli identitaire et hybridation. La tentation assimilatrice est plus forte dans les couches aisées. En France, Cécile Sabatier montre la nécessité d’accepter le pluralisme linguistique et culturel des élèves.
Mais les tensions plurielles concernent également les enseignants. Par exemple Branka Cattonar met en évidence celle qui oppose la construction identitaire idéale des enseignants et le vécu du métier. Au total, voilà un numéro particulièrement riche qui aborde un des principaux défis des écoles francophones.
http://www.acelf.ca/c/revue/sommaire.php?id=19
Chercheurs et praticiens en Zep
« À mon avis, il y a quand même une réelle circulation mais elle est souvent décevante et il faut d’abord réfléchir à cette double déception qu’ont les chercheurs et les praticiens, les uns vis-à-vis des autres ». Anne Barrère ouvre, dans le numéro de mars de XYZep, la revue électronique du Centre Alain Savary, un intéressant dossier sur la circulation des connaissances issues de la recherche dans les équipes Zep.
Elle s’appuie sur plusieurs exemples pour montrer qu’il est parfois bine difficile au chercheur d’apporter une « réponse » aux questions des équipes. Pourtant l’échange n’est pas vain. » Dans les organisations, beaucoup de chercheurs observent une intensification des prescriptions d’engagement dans l’action, dans le travail, par exemple par la définition de bonnes pratiques, mais aussi par la diffusion de la culture des résultats. Il me semble qu’aider, à l’école comme ailleurs, à comprendre ces évolutions contribue aussi à aider les individus à mieux y faire face, ce qui ne va pas forcément dans le sens d’une implication exponentielle, lorsqu’elle est, comme le dit David Courpasson, une « implication contrainte » ».
Le dossier associe le regard d’enseignants praticiens à cet échange avec des chercheurs.
XYZep
http://cas.inrp.fr/CAS/publications/xyzep/
Inflation scolaire : Un diplômé sur cinq surqualifié au Canada
« L’étude a révélé que près de 1 personne sur 5 qui était sur le marché du travail et qui détenait un diplôme universitaire avait occupé un emploi exigeant tout au plus un diplôme d’études secondaires à un moment donné en 2001. Les travailleurs plus jeunes étaient davantage susceptibles d’être trop qualifiés pour l’emploi qu’ils occupaient. De même, les immigrants et les personnes qui ont étudié le commerce ainsi que les arts et les sciences humaines devaient davantage accepter des emplois où ils étaient trop qualifiés. De toutes les industries, on a constaté que c’est dans le secteur de la vente au détail et en gros que les personnes trop qualifiées étaient le plus susceptibles de se retrouver. En revanche, plus les travailleurs avaient fait des études universitaires poussées, moins ils étaient susceptibles d’occuper un emploi n’exigeant qu’un diplôme d’études secondaires ». L’étude de Chris Li, Ginette Gervais et Aurélie Duval, réalisée pour le ministère canadien de l’Industrie, intervient en plein d’ébat sur « l’inflation scolaire ».
Elle montre que le nombre de surqualifiés au Canada a augmenté d’un tiers de 1993 à 2001. » Cependant, comme on observe aussi une augmentation du nombre de travailleurs détenant un diplôme universitaire entre 1993 et 2001, le pourcentage des travailleurs trop qualifiés par rapport à l’ensemble des diplômés universitaires au sein de la population active est resté quasiment inchangé. En effet, ces personnes représentaient environ le cinquième (19 %) de l’ensemble des diplômés universitaires sur le marché du travail en 2001, soit une légère augmentation par rapport au taux de 18 % en 1993″.
L’étude montre que les surqualifiés sont moins nombreux chez les diplômés en sciences et en santé, et plus nombreux dans le domaine du commerce et chez les immigrants.
L’étude (en pdf)
http://www.statcan.ca/francais/research/11-621-MIF/11-621-MIF2006039.pdf
Pour lire les pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Lecture : L’offensive ministérielle analysée par Jacques Fijalkow
« Pour bien comprendre ce qui se passe depuis décembre 2005, il importe de comprendre au prime abord que la lecture dont parle le ministre n’est pas la lecture au sens où l’entendent les enseignants, les formateurs ou les chercheurs, mais bien l’idéologie de la lecture, c’est-à-dire les idées que l’on peut avoir à son sujet, indépendamment des faits pédagogiques ou scientifiques. Dans l’idéologie les faits ne comptent pas – à la différence des pratiques professionnelles ou de la recherche – ce qui compte c’est les idées. Le débat ainsi ouvert est donc un débat d’idées, un débat qui n’a rien à voir avec les faits, mais plutôt avec les valeurs et les intérêts de ceux qui défendent ces idées. Ainsi, par exemple, le fait que dans la réalité des classes aujourd’hui il n’y ait ni méthode globale ni méthode syllabique importe peu. Ce qui importe est de mobiliser une fraction de l’opinion contre l’autre. En d’autres termes, le champ de la lecture dans lequel nous place le discours du ministre est un champ de bataille idéologique. La lecture est transformée en objet politique. C’est dans ce champ, plutôt que dans le champ technique ou scientifique qui est le nôtre, que nous nous placerons donc pour analyser comment le retour au b, a, ba est devenu une question d’actualité ». Sur le site d’Education et Devenir, Jacques Fijalkow, Université de Toulouse-le Mirail, analyse le discours ministériel et le situe dans un mouvement plus ample : celui d’un nouveau conservatisme qui, s’appuyant sur un tissu associatif et politique, investit l’Ecole.
« La thèse que nous soutenons est qu’il existe un courant de recherche, positiviste et mécaniciste, qui, prenant modèle sur la biologie en tant que science et sur la médecine en tant que pratique, a envahi de façon massive les universités puis les sphères décisionnelles de l’Éducation nationale. C’est de ce même courant qu’émanent les rapports de l’INSERM relatifs aux psychothérapies et aux troubles de la conduite enfantine, qui ont suscité maints débats parallèles à celui qui nous occupe ici. L’offensive dont la lecture fait l’objet n’est donc qu’un cas particulier dans un combat qui, sur d’autres fronts – psychothérapies, prévention de la délinquance – tentent de faire reculer l’Éducation des lieux qui lui sont réservés pour y implanter des structures et des pratiques relevant de la Santé ». Un texte à découvrir pour comprendre les enjeux du débat sur la lecture.
http://education.devenir.free.fr/Lecture.htm#fijalkow
Rappel : le dossier du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/lecture_index.aspx
Lecture : l’appel du mouvement Freinet
« Nous, éducateurs, formateurs, enseignants, parents, militants de mouvements pédagogiques et d’éducation populaire, nous ne tiendrons pas compte de la circulaire du Ministre de l’Éducation nationale préconisant une méthode de lecture contraire à la visée émancipatrice de l’Éducation et aux résultats des recherches que nous conduisons ». A l’appel de l’Icem, de l’AFL, du Gfen et des Cemea, plus d’un millier d’enseignants ont signé cette pétition. Ses initiateurs estiment que le nouveau programme présenté au CSE le 22 mars, même adouci par rapport au premier projet ministériel, restreint leur liberté et prend le risque d’une fracture sociale. « Des méthodes d’apprentissage où l’enfant est chercheur à celle où l’enfant est dressé, le choix idéologique est limpide : lui refuser dès le plus jeune âge de penser, lui ôter le désir de questionner, de comprendre, de connaître, lui imposer une obéissance passive en l’enfermant d’abord dans des exercices répétitifs et mimétiques… Au-delà de l’apprentissage de la lecture, c’est bien la volonté d’agir sur les capacités réflexives et complexes de la compréhension du monde de toute une jeunesse ! Une jeunesse qui déchiffre et une jeunesse qui lit… Les jeunes des milieux populaires en sauront toujours bien assez pour déchiffrer les programmes de télévision, la publicité et les messages utiles à la consommation ».
La pétition
http://www.freinet.org/
Effet prof, effet seuil
La formation des enseignants a un impact réel sur les résultats des élèves. C’est le résultat d’une étude réalisée par Pascal Bressoux (université de Grenoble), Francis Kramarz et Corinne Prost (Crest) à partir des résultats d’élèves de CE2. L’effet prof est mis en évidence à partir de la formation scientifique et professionnelle des enseignants. Ainsi un maître ayant fait des études scientifiques obtiendra de meilleurs résultats en mathématiques qu’un enseignants sans formation scientifique. La formation pédagogique a également un effet positif.
L’étude s’est aussi intéressée à l’impact de la réduction du nombre d’élèves. Pour les chercheurs celui-ci est bien réel particulièrement pour les élèves faibles.
L’étude (en pdf)
http://www.u-bourgogne.fr/upload/site_120/agenda/se09056a.pdf
Réduire le nombre d’élèves par classe a un effet positif
« La principale conclusion de cette étude est que des politiques réalistes de ciblage des moyens peuvent avoir un impact considérable sur la réduction des inégalités scolaires, mais que ces politiques gagneraient probablement à se concentrer sur les plus jeunes élèves. Il est sans doute illusoire de prétendre utiliser de telles politiques pour corriger les inégalités accumulées à l’âge de l’adolescence, âge pour lequel d’autres types de politiques sont probablement plus adaptés (comme par exemple des dispositifs d’admission préférentielle dans les filières sélectives du supérieur pour les élèves issus de lycées défavorisés). En revanche, pour ce qui est du primaire, et dans une certaine mesure du collège, nos résultats indiquent que la relative modestie des politiques de ciblage des moyens en faveur des écoles et collèges défavorisées actuellement en vigueur en France peut difficilement se justifier par l’idée selon laquelle de telles politiques ne marchent pas ». Publiée dans les Dossiers de la DEP, cette étude de Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire reprend des analyses déjà connues.
Elle contredit la position officielle du ministère selon laquelle la réduction du nombre d’élèves est inefficace. La loi Fillon ne prévoit d’ailleurs qu’un accompagnement personnalisé » des élèves en difficulté. En se basant sur l’analyse des discontinuités liées au franchissement des seuils d’ouverture de classes, l’analyse de T. Piketty montre qu’un effort significatif en faveur des Zep peut être payant. « Pour ce qui concerne le primaire, nous mettons en évidence l’existence d’un impact positif important des tailles de classes réduites sur la réussite scolaire… Nous estimons par exemple qu’une réduction d’un élève de la taille de classe de CE1 conduit à une augmentation d’environ 0,3- 0,4 points du score moyen obtenu aux épreuves d’évaluation de mathématiques de début de CE2, et d’au moins 0,7 point lorsque l’on se concentre sur des sous échantillons d’élèves socialement défavorisés… D’après nos estimations, la suppression de la légère politique de ciblage des moyens qui existe actuellement en faveur des écoles classées en ZEP (la taille moyenne des classes de CE1 est en 2003-2004 d’environ 20,9 en ZEP, contre 22,8 hors ZEP) conduirait à une progression d’environ 14% de l’écart entre les scores moyens obtenus en ZEP et hors ZEP aux évaluations de mathématiques de début de CE2 (écart qui est d’environ 9 points, ce qui est considérable). Surtout, des simulations simples indiquent que cet écart pourrait être réduit d’environ 46% si l’on mettait en place une politique de ciblage des moyens forte (mais pas irréaliste), avec une taille de classe moyenne réduite de 5 élèves supplémentaires en ZEP, pour un nombre total d’enseignants inchangé et donc des moyens constants au niveau national (ce qui conduirait en CE1 à une taille moyenne des classes d’environ 15,9 en ZEP et 24,1 hors ZEP). La diminution des scores obtenus hors ZEP entraînée par une telle politique serait d’autant plus limitée que nos estimations indiquent un impact de la taille des classes est nettement moins important pour les enfants socialement favorisés ».
Publiée une première fois en 2004, cette recherche de T. Piketty avait été contredite par une autre étude de la Dep (ministère) en avril 2005. Celle-ci concluait : « une réduction de la taille des classes des CP est, à elle seule, d’un intérêt pratiquement nul. En effet, consacrer des moyens (importants) à cette diminution pour n’obtenir qu’un léger avantage en termes d’acquis en fin de CP, avantage qui disparaît ensuite,et n’en tirer aucun bénéfice indirect en termes de baisse des redoublements…apparaît peu efficace ». Denis Meuret a également critiqué la thèse de Piketty sur sa méthodologie. Cette nouvelle publication de T.Piketty est faite au moment où l’enseignement prioritaire est menacé d’importantes réductions de moyens.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2005/04/index220405.aspx
Où est passé le dossier 173 ?
Nouveau cas de censure ? Les explications fournies par le ministère de l’éducation nationale pour expliquer le retrait, depuis le 5 avril, du dossier 173 de la Dep ne sont pas convaincantes. Selon le ministère, le retrait s’explique par la nécessité d’imprimer de nouvelles pages de couverture afin de mentionner que l’étude de Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire n’engage pas le ministère. Mais cette mention apparaît déjà clairement en page 4, sous le titre du dossier : « Les résultats de cette étude n’engagent que leurs auteurs, et ne sauraient en aucun cas engager la DEP ». D’autre part, le ministère est incapable de dire quand l’étude sera remise en circulation. On peut donc se demander si ce n’est pas plutôt le contenu de cette étude qui gêne le ministre.
En effet, l’étude de Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire établit, en se basant sur une étude des effets de seuil, qu’une baisse sensible des effectifs élèves en Zep aurait un effet très positif sur les résultats scolaires. Et l’affirmation tombe juste au moment où le ministère publie son plan Zep. Un plan qui investit peu de moyens supplémentaires dans les zep.
Thomas Piketty ne comprend pas le subit changement de position du ministère. L’étude est toujours consultable sur son site personnel.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2006/04/index050406.aspx
http://www.jourdan.ens.fr/piketty/fichiers/public/PikettyValdenaire2006.pdf
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2006/04/index070406.aspx
Ecole(s) en France
« D’après une enquête de l’OCDE réalisée en 2003, les petits élèves français sont les plus stressés du monde développé, bien plus que les petits Japonais. En outre, les performances scolaires sont loin derrière celles de la Belgique, de la Corée, de la Finlande. Pour comprendre, les auteurs de cette mini-série ont filmé quatre classes et leurs élèves qu’a priori tout oppose : les méthodes, les origines sociales, les niveaux scolaires. Regarder et écouter, s’attacher à suivre les enfants, leurs plaisirs et leurs difficultés à apprendre, à vivre ensemble, suffit à mettre en cause la litanie des idées reçues ». Le documentaire de Fabrice Puchault et Patricia Boutinard Rouelle fait suivre le quotidien de quatre écoles différentes.
La série suscite des réactions très positives sur les listes de discussion des professeurs des écoles. Ce qu’elle donne à voir est en effet très intéressant et surprenant. D’abord par la variété des approches pédagogiques. Dans ces 4 écoles on voit des enseignants professionnels, attentifs aux enfants, sympathiques mais qui suivent des méthodes pédagogiques différentes.
Une école apparaît vraiment singulière : celle de Sylvain Connac à Montpellier. Et c’est sans doute la seconde surprise : voir comment « tourne » une école Freinet et constater que ses principes fonctionnent et qu’elle a un rendement éducatif intéressant. La prochaine diffusion aura lieu sur France 2 le 27 avril à 22h 55. Nous vous invitons à regarder ce dernier épisode. Vous pouvez également voir tous les épisodes facilement, en pay per view, sur le site de France 2.
Descriptif et vidéo en ligne
http://programmes.france2.fr/ecoles-en-france/
Grammaire et calcul : riposte à Robien
« Les programmes de l’école primaire ont été révisés afin d’éliminer les méthodes d’apprentissage de la lecture génératrices d’échec. Le chantier de la rénovation de l’enseignement de la grammaire sera très prochainement ouvert, avec le retour à des leçons d’apprentissage des règles. Il en sera de même pour le calcul ». Après son expérience malheureuse sur le terrain de la lecture, le ministre de l’éducation nationale a annoncé le 12 avril sa volonté d’ouvrir un nouveau champ conflictuel sur ceux de la grammaire et du calcul.
Sur le site Education et Devenir, Eveline Charmeux explique pourquoi les élèves ont besoin d’une « observation réfléchie de la langue française » et non de leçons de grammaire. » Étudier le fonctionnement de la langue que l’on parle, ce n’est pas du tout le même type de travail que d’apprendre les mathématiques ou l’histoire : pour ceux-ci, le savoir est complètement extérieur à l’élève qui doit acquérir des choses qu’il ignore. Mais étudier sa propre langue, c’est étudier ce que l’on fait déjà : dès que quelqu’un parle, il met en jeu un ensemble de règles, le plus souvent inconscientes, qui se sont dégagées des pratiques qu’il a vécues. Faire de la grammaire, c’est en fait rendre consciente ces règles utilisées sans le savoir. Il n’y a donc pas de savoirs vraiment extérieurs à acquérir ; il y a à théoriser des savoirs acquis de façon inconsciente, ce qui implique la construction de notions et de concepts, difficiles certes, mais, sans qu’il n’y ait, au sens strict du terme, rien à apprendre et, encore moins, à mémoriser. La grammaire, c’est le domaine de la compréhension et de l’intelligence consciente, jamais du bachotage ».
Sur Education & Devenir
http://education.devenir.free.fr/grammaire.htm
Le discours de G. de Robien
http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/gouvernement/conseils-ministres_35/conseil-ministres-12-avril_803/socle-commun-connaissances-competences_55734.html
Une étude du Céreq montre l’intérêt de territorialiser les politiques de formation
« Les diverses dimensions de l’appareil de formation se combinent donc différemment selon les territoires. Ces variantes viennent façonner la construction des cursus scolaires des jeunes et, de fait, leurs conditions d’entrée dans la vie active. Le territoire modèle les parcours scolaires et professionnels des jeunes d’autant plus fortement que ceux-ci en sont « captifs ». C’est le cas des jeunes de faible niveau de formation, c’est-à-dire n’ayant pas poursuivi des études dans l’enseignement supérieur, qui sont très peu mobiles ». Une étude du Céreq, réalisée par Yvette Grelet, met en évidence un découpage de la France en 6 types de territoire caractérisés par des profils de formation différents.
Ainsi elle oppose les « zones tertiaires urbaines » qui proposent une offre de formation tertiaire en lycée la plus importante aux zones rurales et industrielles où le taux de scolarisation est le plus bas. Entre ces deux extrêmes, le tertiaire de petites entreprises se singularise avec un fort pourcentage de sorties précoce du système éducatif; les zones industrielles dynamiques ou en crise caractérisées par l’importance de l’enseignement professionnel; et le rural agricole. Pour Y. Grelet, » bien qu’aucun élément relatif à la formation des jeunes n’entre en ligne de compte pour définir de grands types de zones d’emploi, à chaque environnement socioéconomique correspondent des caractéristiques dominantes de l’appareil éducatif local : durée des études, part des formations à visée professionnelle, rôle dévolu à l’apprentissage, partage entre spécialités de la production et des services. Emploi, activité et qualifications dessinent les contours d’espaces bien différenciés, dont l’offre et la demande de formation initiale portent également la marque. De telles régularités statistiques permettent de mieux comprendre les articulations entre territoires et parcours de formation des jeunes ».
http://www.cereq.fr/pdf/b228.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Le portfolio d’élève dans Médialog
« Le portfolio n’est pas seulement un outil auquel on recourrait ponctuellement ici ou là. Il s’agit au contraire d’une démarche, d’un dispositif complexe qui nécessite une organisation pédagogique adaptée et un investissement (en temps) conséquent de la part des élèves comme des enseignants. La mise en oeuvre d’un portfolio peut, dans certains cas, s’envisager à l’échelle d’une discipline dans une classe, mais elle s’applique en général à une plus grande échelle. Le projet doit alors devenir celui d’une équipe d’enseignants, voire s’inscrire pleinement dans le projet d’établissement. A ces conditions, l’utilisation d’un portfolio numérique pourrait se révéler très favorable aux apprentissages ». Dans le numéro 57 de Médialog, Jean-François Ceriser présente le concept de portfolio. Il invite également à inclure ce service dans les ENT.
En 3ème découverte professionnelle, le portfolio d’évaluation fait une entrée remarquée. Le portfolio numérique fera l’objet d’une conférence internationale à Québec du 10 au 12 avril. Il a été également l’objet d’un séminaire national à Dijon en mai dernier.
http://www.ac-creteil.fr/medialog/archive57/no57.htm
http://www.eportfolioquebec2006.org/
http://www.dijon.iufm.fr/tice/sem-port/index.htm
L’apprentissage a ses limites rappelle Gilles Moreau
» Envoyer un jeune dans le dispositif apprenti avec un faible niveau scolaire, c’est lui infliger une double peine sociale : échec à l’École et échec probable dans l’apprentissage. L’apprentissage à quatorze ans est une vision qui date des années 1960″. Dans Les dossiers de l’Enseignant 94, le sociologue Gilles Moreau critique les objectifs du plan Borloo. Celui-ci prévoit d’atteindre 500 000 apprentis en 2010.
Pour G. Moreau ce plan est irréaliste. « Depuis la réforme de 1987 qui permet de faire se succéder les contrats d’apprentissage, l’effet des capitaux scolaires joue dans l’apprentissage.
L’expression peut sembler paradoxale, mais l’apprentissage s’est scolarisé. En fait, la réussite d’un apprenti au diplôme, tout comme ses chances de poursuite à un niveau d’apprentissage supérieur, sont étroitement liées à son niveau scolaire à l’entrée en apprentissage ». Il rappelle d’autres limites. La rareté des entreprises : par exemple un quart des apprentis de Bep ne trouvent pas d’entreprise pour continuer leur apprentissage. Enfin le coté ségrégatif de l’apprentissage : « les filles sont sous-représentées (30%), tout comme les jeunes d’origine immigrée. Ne jurer que par l’apprentissage, comme le fait actuellement le gouvernement, n’est pas sérieux. L’État dispose d’autres leviers, comme le lycée professionnel qu’il a tendance à laisser à l’abandon ».
Dossier de l’enseignant 94
http://www.se-unsa.org/page_dossier.html