Dossier spécial
Les recommandations du HCE pour le socle commun
Les recommandations du HCE ont-elles un avenir ? « Ce socle commun doit assurer une formation de qualité, et non proposer un enseignement au rabais » exige le HCE. « Il faut mettre l’accent sur la capacité des élèves à mobiliser leurs acquis dans des tâches et des situations complexes, à l’Ecole et dans la vie : le socle doit donc être pensé en termes de compétences » précise-t-il. Aussi définit-il 7 compétences de base : la maîtrise de la langue française (si la dictée et la grammaire sont au rendez-vous, « la maîtrise de la langue comprend bien entendu la capacité à remplir et à lire les écrits de la vie courante, à rédiger une lettre, à communiquer de façon appropriée dans diverses situations, etc. »), la pratique d’une langue vivante étrangère, des compétences de base en culture scientifique (et là le HCE renvoie aux propositions du CNP en 1997), la maîtrise des TICE, une culture humaniste, des compétences sociales et civiques et la capacité à l’autonomie et l’initiative.
Sur ces deux derniers points, le HCE préconise de « savoir travailler en équipe ». Il rappelle qu’il « est essentiel que l’Ecole développe la capacité des élèves à apprendre tout au long de la vie. L’autonomie qui en résulte est une condition de la réussite scolaire… Il faut que l’élève se montre capable, dans le cadre de la scolarité obligatoire, de concevoir et de mettre en oeuvre des projets ».
Quelle influence concrète peut avoir ce texte ? Certaines recommandations semblent bien imprécises, par exemple en ce qui concerne la « maîtrise de la langue française ». Pire encore, l’acquisition du socle ainsi défini semble carrément impossible dans le cadre de l’apprentissage à 14 ans voulu par Villepin. D’autre part, dans le climat actuel, la méfiance est telle entre les instances ministérielles et les enseignants qu’il n’a aucune chance d’être reçu à la base, sauf à être utilisé contre le ministre. Car ce n’est pas le moindre des paradoxes que ces recommandations font référence à des orientations européennes pour mieux se distancer du discours ministériel. Travail d’équipe, esprit d’initiative, démarche par compétences : voilà exactement ce que F. Fillon puis G. de Robien ont attaqué dans les programmes de l’Ecole au nom de la lutte contre le « pédagogisme ». Par exemple ils ont tenté de supprimer les itinéraires de découverte au collège et les Travaux personnels encadrés au lycée. Ce texte demande leur généralisation. Décidément il est aussi encombrant pour la rue de Grenelle.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/actu/2006/recommandations_HCE.pdf
Socle commun : décret en mai
« Le projet de décret définissant le socle commun de connaissances et de compétences sera prochainement transmis pour avis au Haut Conseil de l’éducation » a annoncé G. de Robien au Conseil des ministres. Selon l’AFP, le décret pourrait paraître en mai.
http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/gouvernement/conseils-ministres_35[…]
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploi[…]
Le Snuipp dénonce le socle commun
» Le socle commun, issu de la Loi Fillon que le SNUipp conteste, instaure l’idée d’un minima de savoirs et attitudes à acquérir à la fin de la scolarité, notamment pour se débrouiller « dans la vie courante » (particulièrement souligné par le texte en ce qui concerne la maîtrise de la langue)… Les apprentissages de l’école primaire sont réduits à lire, écrire et calculer. On est loin de la nécessité d’amener tous les élèves à partager une culture commune ! De même les missions des enseignants ne peuvent se limiter à des tâches d’exécutants. Les enseignants doivent rester concepteurs de leur métier ». Le Snuipp demande l’ouverture de négociations pour son application.
http://www.snuipp.fr/article.php3?id_article=3310
Le Sgen demande le respect des orientations du HCE
« Le Sgen-CFDT ne se retrouve pas dans toutes les indications que comportent (les recommandations du HCE) mais des orientations générales sous-tendent ce texte concernant en particulier le sens et l’ambition du socle commun, la problématique des compétences, y compris compétences sociales et civiques, autonomie et initiative, et leur articulation avec les disciplines, la conception de l’évaluation, etc. dont le Sgen-CFDT ne comprendrait pas que le ministère ne les prenne pas en compte ». Dans une lettre ouverte à G. de Robien, le Sgen Cfdt s’appuie sur les recommandations du Haut Conseil de l’Education pour défendre ses exigences envers le socle commun.
Plaidant pour un socle commun exigeant, le Sgen rappelle que le socle commun suppose une formation commune ce qui s’oppose à l’apprentissage à 14 ans mise en place par Robien. De même, pour le Sgen, « si l’on veut que le socle commun ne soit pas un “empilement de savoirs disciplinaires”… il faut le définir en termes de compétences transversales, traduisant la capacité de l’élève à réutiliser ses connaissances, à mettre en oeuvre savoirs, savoir-faire, savoir être ». Et pour cela rien de mieux que des pratiques pédagogiques variées et des dispositifs comme les itinéraires de découverte » qui ont été trop souvent mis à mal ces derniers temps ».
Pour le Se-Unsa
Dans un communiqué, le Se-Unsa « approuve que toutes les disciplines contribuent à l’acquisition des compétences du socle commun… Le SE-UNSA considère que ce cahier des charges ambitieux se heurte cependant à la conception étriquée de la scolarité obligatoire de l’actuel ministre et à un calendrier trop serré. Comment concilier par exemple l’objectif affirmé par le HCE « que chaque élève soit capable de concevoir et de mettre en place des projets » et l’asphyxie budgétaire des itinéraires de découverte au collège ? Comment concilier « la maîtrise du socle par tous les élèves » et la sortie précoce de certains d’entre eux qui suivront le dispositif « apprentissage junior » ? » Pour l’Unsa Education, « les décisions ministérielles récentes vont à l’encontre des préconisations du HCE : les Travaux personnels encadrés (TPE) et les Itinéraires de découverte (IDD) sont remis en cause alors qu’il faut savoir travailler en équipe ».
http://www.lemonde.fr/web/article/0[…]
Meirieu : non à l’acharnement pédagogique
» Au nom du socle commun, il s’agit d’exclure une partie des jeunes, en ne leur assurant qu’un minimum des enseignements. Au lieu de réconcilier certains élèves avec l’école, par la culture, l’expérimentation, le sport, on se focalise sur certaines matières académiques. On est dans l’acharnement pédagogique ». Dans un entretien accordé au Monde, Philippe Meirieu s’explique sur son refus de prolonger son mandat à la tête de l’IUFM de Lyon. « Je ne souhaitais pas être nommé par le ministre de l’éducation nationale, Gilles de Robien. Je me sens trop en désaccord avec les décisions prises, ces dernières années, dans le domaine éducatif, pour assumer ces responsabilités ».
P. Meirieu dénonce « une politique de renoncement aux ambitions. L’apprentissage à 14 ans, présenté comme une réponse à la crise des banlieues, en est une illustration. Ce n’est pas en renonçant à l’éducation, à la culture, qu’on va résoudre la question des violences. Au contraire. C’est une mesure démagogique. On paye les jeunes 300 euros, mais c’est une prime pour abandonner l’école. En plus, on sait qu’ils ne trouveront pas d’emploi, car les entreprises n’en veulent pas ».
Il réclame davantage de suivi individuel des élèves. » Je reconnais que la loi Fillon avait ouvert la porte. Je suis d’autant plus sidéré que M. de Robien ne l’ait toujours pas mis en oeuvre ».
http://www.lemonde.fr/web/article/0[…]
http://www.meirieu.com/
Le Crap juge le socle commun peu cohérent
« En lisant ce document d’environ 4000 mots, on reste partagé : d’un côté, on a envie d’applaudir à une orientation générale allant bien plus dans le sens de nos voeux qu’on aurait pu le penser au départ, d’un autre, on constate combien il est difficile d’échapper à une logique de « socle fourre-tout » où les choix décisifs ont du mal à être faits. Et on tombe au final dans un patchwork peu cohérent ». Pour le Crap, le socle commun, présenté par le Haut Conseil de l’Education le 23 mars, semble l’oeuvre plusieurs rédacteurs, un document » dans lequel on met parfois bout à bout des idées générales intéressantes avec des exemples souvent en contradiction avec elles ».
Si le Crap salue « l’exigence intellectuelle » et « la logique non disciplinaire » du texte, il est déçu par les chapitres consacrés à la culture humaniste et à la maîtrise de la langue française. » Est-on encore dans la logique du socle lorsqu’ on affirme péremptoirement qu’on « ne pourra parler de réelle maîtrise que lorsque l’orthographe sera correcte dans les écrits spontanés des élèves » ?.. S’il est justement affirmé que la maîtrise de la langue « est du ressort de toutes les disciplines », le découpage des plus traditionnels en termes de grammaire/vocabulaire/orthographe, l’absence de vraie référence à un travail sur la langue dans les autres matières (s’agirait-il simplement de repérer les « fautes » et incorrections ?), l’absence encore de tout objectif précis et réaliste (comme savoir lire un quotidien grand public ou écrire un petit récit ou une explication scientifique compréhensible à la fin de la scolarité obligatoire), tout cela nous inquiète et nous montre bien tout le chemin qu’il y a à parcourir. Il semble que pour cette partie, la réflexion de fond a laissé place à des formulations vagues, non sans clins d’oeil pour le passéisme à la mode ».
Communiqué Crap
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=2323