« La France a massifié le système et allongé les études, mais, à l’exception d’une minorité de lycéens ou d’étudiants – les grandes écoles et les instituts universitaires de technologie (IUT) d’un côté, certaines filières des lycées professionnels de l’autre -, le système scolaire reste dans une distance maximale à l’emploi. Aujourd’hui, lorsqu’un étudiant quitte l’université, il a une chance sur deux d’occuper un poste qui n’a aucun rapport avec sa formation, ce qui constitue un gâchis individuel et collectif considérable…. Cette distorsion entre les promesses de la scolarisation et la réalité du monde du travail a engendré une frustration extrêmement forte ». Dans un entretien accordé au Monde, François Dubet voit dans le mouvement anti-CPE « une réplique de celui des banlieues ».
« Il m’arrive de penser que le climat dans lequel nous vivons n’est pas très différent de celui des années 1930 : un climat fortement idéologique dominé par le sentiment de la chute nationale, de la fin de la nation et de la disparition de la puissance. Lorsque l’on interroge les gens, dans les enquêtes, ils pensent à 80 % que les choses, demain, seront pires qu’aujourd’hui. Ils affirment qu’hier, c’était mieux, même quand ils trouvent que leur sort est acceptable. Or les statistiques permettent de penser que, dans bien des domaines, hier, c’était pire. Hier, les pauvres étaient plus pauvres, l’espérance de vie était moins longue, les gens étaient moins bien soignés, on était moins bien éduqué, les femmes étaient plus maltraitées, les vieux mouraient de faim. Mais l’utopie est derrière nous ».
Article du Monde
Rappel : La tribune de M. Duru-Bellat