La visioconférence tuera-t-elle le prof ? Comment gérer une classe à distance en visio ? Quelques questions posées par Le Café à Michel Saûquère, professeur à Tarbes.
JLB- Vous enseignez à Tarbes au lycée Théophile Gautier de manière « traditionnelle », c’est à dire devant des élèves dans une classe mais votre particularité est que vous assurez aussi un enseignement de l’italien en visioconférence. Depuis combien de temps existe cet enseignement dans l’Académie de Toulouse et ne concerne-t-il que l’italien ? Comment s’est fait le choix d’implanter l’italien dans ces lycées ?
MS- J’ai 3 classes en présentiel ; ce sont des classes de Seconde, Première et Terminale LV3 et l’autre partie de mon enseignement, en visioconférence, s’adresse à des élèves de la Seconde, à la Terminale en LV3 et en LV2. Les établissements où est implanté un enseignement de l’italien en visioconférence se situent à Auch (à 80 km de Tarbes), Saint Gaudens (à 75 Km) et enfin Gourdon (dans le Lot, à 350 Km de Tarbes).
Cet enseignement ne concerne pas que l’italien dans notre Académie, il concerne aussi l’allemand, le chinois, le russe, l’arabe, le portugais et même l’anglais, cela concerne donc toutes les langues vivantes. Notre lycée est émetteur pour l’italien et le sera pour l’arabe et le russe. Il a été récepteur pour le chinois mais, depuis, un poste a été créé en présentiel dans notre lycée.
Cet enseignement en visioconférence n’est pas nouveau dans l’académie et les ouvertures de classes avec un enseignement en visioconférence ont été faites à la demande des établissements, en particulier pour le tutorat des élèves inscrits au CNED. Des parents ont même insisté pour l’ouverture de l’enseignement en visioconférence.
JLB- Combien d’élèves avez-vous dans ces classes de visioconférence ? Quelle est la limite à ne pas dépasser et quelle est la taille idéale ?
MS- Les effectifs vont de 3 élèves, qui est le seuil minimum pour l’ouverture d’un enseignement en visioconférence à 7 élèves. Mais cela peut aller pour certaines langues jusqu’à 17 ! L’idéal étant de 3 à 8 élèves par classe.
JLB- Quelle est la fréquence hebdomadaire de ces cours ? L’enseignement se fait-il exclusivement à distance ou rencontrez-vous quelques fois vos élèves ?
MS- Pour les élèves de LV2, l’horaire hebdomadaire est de 2 heures mais pour les élèves de LV3, la situation est différente puisqu’il s’agit d’un « tutorat » d’un heure par semaine car les élèves sont inscrits au CNED et reçoivent les cours de cet organisme qui gèrent les cours et les évaluations. Je rencontre les élèves des différents sites une fois par trimestre.
JLB- Quel matériel utilisez-vous, comment se font les échanges entre vous et vos élèves ?
MS- Le matériel utilisé pour la visio est Visio Polycom. Pour le matériel pédagogique, le même que pour un enseignement en présentiel, c’est à dire un manuel qui est complété par différentes documents diffusés grâce à la visio. Sauf pour les LV3 qui ont déjà les supports du CNED et qui envoyent leurs devoirs au Cned.
Les échanges de documents se font par fax ou par envoi postal. Et lorsque je me déplace dans les établissements, j’en profite pour leur livrer tous un éventail de documents.
JLB- Quelles sont les difficultés rencontrées ?
MS- Techniques d’abord. Il n’y a aucun problème d’autorité dans la classe même s’il n’y a pas d’adulte à leurs côtés. Ce sont des élèves motivés. Je tiens à dire aussi que j’ai la chance pour un de mes lycées, à Auch, d’avoir une assistante d’éducation d’origine italienne qui surveille les élèves, les suit et a un rôle d’assistante.
JLB- La visioconférence n’est-elle pas une menace pour les enseignants de langue vivante ?
MS- Absolument pas, elle peut être une opportunité de diffusion des langues vivantes et même d’implantation, il y a de nombreux exemples d’ouverture de sections de langues après un enseignement de visioconférence.
JLB- Trouvez-vous cette expérience positive ? Et vos élèves ?
MS- Les élèves sont très contents de suivre cet enseignement en visioconférence car ils peuvent étudier l’italien même s’ils préfèrent quand je me déplace. Le contact est très important.
Quant à moi, je trouve l’expérience positive mais rien ne doit remplacer l’enseignement en présentiel.
Michel Saüquère – Entretien Jean-Luc Bouko