Dans un rapport remis au ministre de l’intérieur au nom de la Commission prévention du groupe d’études parlementaire sur la sécurité intérieure, Jacques Alain Bénisti, député UMP, propose une politique d’enfermement et de mise à l’écart à partir de 10 ans. « Si les actions de prévention veulent être efficaces, elles doivent impérativement commencer dès les prémices de déviances c’est-à-dire dès le plus jeune âge… Les actions à promulguer entre 3 et 6 ans ou entre 6 et 12 ans sont nettement moins lourdes à mettre en oeuvre que celles qui devront être mises en place à l’adolescence ». Rendons grâce à Jacques Alain Bénisti : il n’imagine pas de prison pour nos enfants avant 3 ans ! Son rapport s’ouvre sur un remarquable graphique qui représente « la courbe évolutive d’un jeune qui au fur et à mesure des années s’écarte du droit chemin ». Car tout est déjà écrit à la naissance, voire avant… La « déviance » commence à 1 an : il se trouve que des milliers de bambins souffrent, selon M. Bénisti, d’une tare originelle : avoir des parents étrangers qui parlent « patois du pays » ce qui est la seule origine de la délinquance à venir. En effet, si les parents négligent de parler français devant leur enfant, à partir de 4 ans, affirme cet éminent spécialiste de l’enfance, « l’enfant va s’isoler dans sa classe ». A partir de 7 ans, il devra être soumis à des « cours d’instruction civique obligatoires » effectués par « un enseignant spécialisé ». A 10 ans il « devra être placé dans une structure spécialisée.. avec cours d’éducation civique intense ». A 13 ans il entre en apprentissage mais, poursuivi par sa tare originelle, il est enfermé à 16 ans dans un « centre de délinquance fermé ». La Commission propose tout simplement d’utiliser les crédits de la politique de la ville, qui finance des actions de prévention, pour payer des dispositifs coercitifs de surveillance des familles d’origine étrangère et la mise à l’écart ultra-précoce des enfants sous le contrôle des maires. Ce rapport nie la Convention internationale des droits de l’enfant et renie la tradition humaniste dont s’honore l’Europe.
Pour la FCPE « ces considérations font froid dans le dos. Il est inadmissible que des élus de la nation osent produire un tel rapport ! Pourtant, tout cela est cohérent avec les actions engagées par le gouvernement. On retrouve un état d’esprit proche dans les projets de « contrats individuels de réussite éducative » de François Fillon et « d’équipes de réussite éducative » de Jean-Louis Borloo. Dans tous les cas, les enfants « difficiles » sont écartés du système scolaire « traditionnel »et la responsabilité porte uniquement sur les familles ». Dans un communiqué, Christophe Caresche et Gisèle Stievenard ont également condamné ce texte « terrifiant ».
Le rapport Bénisti
Communiqué FCPE
Communiqué Mairie de Paris
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