Depuis la rentrée dernière, j’expérimente une nouvelle relation prof-élève au lycée Raoul Vadepied d’Evron.
Il s’agit au delà des heures de cours, de rester en contact avec le groupe classe grâce au courrier électronique et à une liste de diffusion. L’an dernier commencée avec deux classes de terminales, l’expérience se diffuse à une classe de première cette année.
Objectifs :
* créer un lien entre les profs et les élèves qui dépasse le cadre de la rencontre planifiée par les emplois du temps. C’est une rupture de l’espace temps classique ( heure de cours dans une salle de classe) puisque le professeur peut intervenir à distance et à n’importe quel moment.
* travailler à réduire la fameuse » fracture numérique » par l’initiation au maniement de l’outil informatique d’élèves n’ayant pas le BII. Peut-on quitter le lycée sans maîtriser les TICE ?
Méthodologie :
* en début d’année scolaire création d’une boîte aux lettres électronique pour tous les élèves et initiation au maniement du courrier électronique.
* chaque semaine, un message électronique est envoyé à la classe entière concernant soit la vie de la classe soit les sites Internet à visiter en liaison avec les points du programme évoqués en classe.
Les élèves peuvent contacter leurs professeurs pour tout sujet relevant de la vie scolaire ; ils peuvent évidemment communiquer entre eux. Cette communication asynchrone protège de fait la vie privée puisque l’on consulte son courrier qu’au moment de son choix.
* un site dédié à l’opération a été créée ; l’adresse est réservée aux élèves de la classe. Il s’agit d’un espace voulu comme un point de repère pour les élèves qui y trouveront les meilleurs adresses sélectionnées par leurs professeurs, mais aussi un espace d’affichage des réalisations dans le cadre de l’ECJS et des TPE, c’est enfin un espace de rencontre et de discussion grâce à un forum ouvert aux partenaires du programme Comenius.
Mes observations :
Tous les élèves adhérent au projet et apprécient de pouvoir échanger en dehors des cours . Ils ont rapidement maîtrisé le maniement des logiciels de courrier électronique ( création de carnet d’adresses, copies visibles ou invisibles, respect de la net-étiquette…).Aucun débordement n’a été constaté. La plupart consultent les sites indiqués : il est plus simple de cliquer sur l’adresse du site envoyée par mèl que de recopier cette adresse sur son cahier puis de la saisir dans la barre d’adresse de son navigateur !
Certains utilisent le courrier électronique pour poser les questions qu’ils n’ont pas osé poser en classe. La plupart disposent d’un ordinateur à la maison connecté à l’internet. Les autres peuvent consulter leur courrier soit au lycée (au cdi, en salle informatique) soit dans le cybercentre régional installé au SVET des Coëvrons à Evron ou encore dans les bibliothèques des communes. Je constate donc que chaque élève de la classe peut s’il le souhaite participer à ces échanges électroniques même si ceux qui disposent de l’équipement à domicile ont a priori un avantage pratique.
Quelles furent les principales utilisations du courrier cette année?
Les élèves ont pris l’habitude de regarder leur messagerie régulièrement, mais ils reconnaissent que la teneur des messages est souvent répercutée de vive voix entre eux au lycée. La consultation de leur courrier est devenu une habitude de travail. Dans le cadre de l’ECJS et des TPE, leur adresse électronique a permis à beaucoup d’envoyer des demandes de renseignement à des administrations ou des sociétés, et de recevoir des réponses. L’outil a ici révélé tout son intérêt. Indispensable !
La préparation des débats en ECJS a donné lieu à de nombreux échanges préparatoires entre élèves sans que je puisse juger du nombre exact d’échanges. Plusieurs élèves ont envoyé des fichiers joints pour illustrer leurs exposés en classe ( adresses de sites, copies d’écran etc…). Nous avons pu mettre en place un échange de mails dans le cadre du programme Comenius avec des lycéens d’Olso et de Prague. J’ai pu envoyer à des élèves absents un devoir à faire à la maison soit pendant le week end ou pendant les vacances, les aider à distance à réaliser un dossier, une recherche…
Evaluation
Les échanges électroniques me permettent de gagner du temps en classe : j’envoie à tous des consignes de travail préparatoires au cours (lectures, consultation de sites, révisions) qui favorisent une meilleure appropriation du sujet présenté. Les difficultés d’organisation de la vie de classe sont gérées à distance ( absence ponctuelle, changement d’emploi du temps etc…) et cela permet d’être plus efficace. Je peux aussi les aider à gérer leur temps de travail personnel.
Les remédiations directes sont facilitées : je peux envoyer à un élève des commentaires détaillés sur une copie, lui proposer une aide directe ou indirecte, et ainsi vraiment dialoguer. Cet échange constructif de un à un en dehors du cours est un vrai plus. L’élève n’est plus tout seul chez lui devant ses difficultés!
Plusieurs élèves en difficulté ont préféré le courrier électronique pour me prévenir de problèmes personnels : il semble plus facile d’écrire certaines « confidences » que d’exprimer en public de vive voix des soucis personnels. Ainsi une élève paniquée à deux jours de son oral de français et ne sachant plus à qui s’adresser le lycée étant fermé a pu se remotiver grâce au soutien apporté par l’échange de plusieurs mels.
Le 11 septembre dernier, j’ai pu mener un travail à distance avec mes élèves de terminales sur les conséquences de l’attentat du WTC. Absent du lycée pour une semaine du fait d’une formation, les mels m’ont permis de dialoguer à distance avec mes élèves, leur conseillant des sites, structurant l’information pour leur rendre compréhensible, dans l’optique des programmes d’histoire-géographie. Certaines pages ont été archivées, les grandes questions sur la notion de puissance évoquées, bref j’ai le sentiment d’avoir beaucoup avancé sur ma progression annuelle ! Un cédérom a été réalisé à cette occasion, véritable porte d’entrée du programme de géographie ( organisation du monde, divisions politiques et religieuses, inégalités économiques, la puissance américaine) dont le contenu est accessible depuis une semaine sur l’intranet du lycée.
Humainement l’expérience se révèle passionnante, la relation nouée avec les élèves est très forte mais pourtant distanciée ; scolairement nous verrons les résultats au mois de juillet prochain puisque certains observateurs considèrent l’examen du baccalauréat comme la mesure de tout !
Sur cette expérience, on peut également consulter :
http://www.ac-nantes.fr/peda/disc/histgeo/outice/virtuel.htm
Jackie Pousin
Professeur d’histoire-géographie
Lycée Vadepied, Evron (Mayenne)