Jean-Philippe Cerda ou l’enseignement conjoint des langues anciennes
Jean-Philippe CERDA agrégé de lettres classiques est en poste actuellement au lycée Malraux (Béthune, Académie de Lille).
Parcours
« Touche-à-tout » de l’enseignement : collège (7 ans), lycée (6 ans), formation pour adultes (GRETA, 1 an), chargé de cours en faculté (1an), formation professionnelle (MAFPEN, puis IUFM, 3 ans ; participation aux jurys du CAPES spécifique, 4 ans ; chargé de mission d’inspection, 3 ans).
L’enseignement conjoint des Langues anciennes
Ni méthode révolutionnaire, ni remède miracle, l’enseignement conjoint des langues anciennes (E.C.L.A.) est une démarche et une expérimentation, menée aussi bien en collège (Marc BUBERT – Collège Robert Le Frison – Cassel) qu’en lycée (J.-P. CERDA, Lycée Malraux – Béthune), depuis 1999, dans l’académie de Lille.
Statutairement, cet enseignement entre dans le cadre de l’option facultative (3 heures / élève), avec une heure dédoublée (4 heures / professeur) destinée aux apprentissages initiaux. Les séquences de cours conduisent à mener en parallèle l’étude des langues, des littératures et des civilisations des Latins et des Grecs, pour mettre en évidence aussi bien les ressemblances et les différences que les complémentarités.
Démarches
Il s’agit de constituer dans une problématique de lecture littéraire les objets d’étude des programmes officiels de Latin et de Grec. Il faut donc construire des séquences, fondées sur des groupements de textes, permettant de faire apparaître aux élèves les perspectives dominantes de l’étude (thématique, générique ou linguistique), dont la progression annuelle, voire pluriannuelle, conduira à satisfaire aux obligations réglementaires.
Le travail de cours commun élabore l’étude conjointe des deux langues, dont le travail individualisé va chercher à systématiser l’observation (systèmes flexionnels, étude comparative du lexique, de la syntaxe). L’accent est mis tant sur les parallélismes littéraires, dans l’étude des genres (épopée, théâtre, éloquence, histoire), que sur les parallélismes culturels, dans une perspective diachronique (par exemple, l’évolution des représentations du monde, mythologiques, grâce à Hésiode ou Ovide, et scientifiques, grâce à Aristote ou Manilius), ou dans une perspective synchronique (par exemple, la thématique amoureuse dans les romans d’Apulée et de Longus).
Outils et pratiques pédagogiques
Plusieurs approches sont possibles : lecture parallèle de textes à contenu identique en latin et en grec (par ex., Res Augustae, textes bibliques) ; lecture successive de textes à contenu similaire ou antithétique (par ex. descriptions de Rome, discours polémiques de Cicéron et Démosthène), d’un texte latin, puis d’un texte grec, lectures cursives d’oeuvres intégrales, lectures comparées (intertextualité : la reprise par Virgile des motifs homériques, par ex.), lecture de plusieurs traductions …
Ce travail peut paraître réducteur : il serait évidemment illusoire de prétendre atteindre, dans le cadre d’une seule option, aux mêmes objectifs que ceux des deux options « classiques », dans le même horaire hebdomadaire. Mais la modulation du groupe-classe, l’exploitation des traductions, l’utilisation des nouvelles technologies (lecture ou traduction assistée par ordinateur, travail autonome des élèves sur Internet), la modalisation des lectures (cursive, grammaticale, analytique), le travail de l’étude littéraire préféré à celui du thème, permettent de parvenir à des capacités et des savoirs sensiblement équivalents en fin de cursus secondaire, sans renoncer pour autant aux exigences traditionnelles de notre enseignement.