Le conflit de l’école dans la presse
Alors que le conflit rebondit, les magazines se penchent sur la crise de l’école. Ainsi, dans le Nouvel Obs, Jacques Julliard estime que « au fil des ans les enseignants se sont sentis tellement menacés, ils se sont installés dans une mentalité tellement obsidionale que tout changement est automatiquement assimilé à un recul de leur condition. La réforme de l’enseignement n’est plus aujourd’hui affaire de structures, ni même de crédits, mais de psychologie: on doit savoir que l’Education nationale est un grand corps psychotique, où tous, enseignants, élèves, parents, sont des écorchés vifs, des organismes en proie à l’inquiétude, aux peurs collectives et aux fantasmes ». Le Monde s’en tient à une énumération des avantages perdus du fait de la réforme des retraites. Le CRAP Cahiers pédagogiques intervient également dans le débat. Pour les Cahiers, » on a l’impression que la préoccupation de faire travailler ensemble tous les personnels de l’établissement dans le cadre d’un projet commun est abandonnée… Au lieu d’aller de l’avant vers le développement d’un travail commun de tous les acteurs concernés, on semble revenir en arrière en séparant l’instruction de l’éducation ? Les coups de menton et rodomontades autour du thème de l’autorité et de la lutte contre les dérives soixante-huitardes ne peuvent remplacer un travail de fond d’une vraie équipe éducative, comme en témoigne le travail fait dans nombre d’établissements, souvent mis en évidence dans plusieurs recherches… Les enseignants sont actuellement découragés, désabusés, ne savent plus trop quelle est leur mission… Qu’est-ce qui peut les mobiliser ? Un discours fort qui les motiverait en partant de l’énergie déployée avec succès dans de nombreux endroits pour faire apprendre vraiment les élèves, par exemple celle que l’on voit à l’œuvre dans les itinéraires de découverte, les travaux personnels encadrés ou les projets pluridisciplinaires à caractère professionnel, ou encore dans la manière d’organiser une vie de classe efficace ».
http://www.nouvelobs.com/articles/p2011/a196929.html
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3224–321418-,00.html
http://www.cahiers-pedagogiques.com
La grève en sondage
D’après un sondage BVA pour La Dépêche du Midi, repris par l’AFP, 60% des Français soutiennent le mouvement des enseignants. Cependant 46% des Français trouvent « anormal que les enseignants prennent les élèves en otage « . Un autre sondage du même BVA en mai 2003 est plutôt contradictoire : il établit que 66% des Français souhaitent un service minimum en cas de grève dans l’éducation nationale. L’AFP fait également le point dans une dépêche sur les retenues pour grève des enseignants : le décompte des jours impayés inclut les jours fériés et les dimanches.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_030526160410.4p2skv9t.html
http://www.bva.fr/new/service_public_030513.htm
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_030526135851.8quo5158.html
La grève et les rumeurs
De nombreuses rumeurs circulent dans les établissements. Libération les démonte. http://www.liberation.fr/page.php?Article=111292
La grève ignore la déclaration du premier ministre
La journée de grève du 27 mai a rencontré un beau succès avec 46% de grévistes dans le premier degré, 43% en collège et 30% en lycée (mais 19% des ATOS). Ces chiffres sont très supérieurs à ceux des autres ministères. Dans l’après-midi le premier ministre a annoncé un certain nombre de mesures destinées aux enseignants. Après un hommage aux professeurs, » chaque professeur de France fait, jour après jour, année après année, l’expérience de la singularité d’un métier qui l’expose comme aucun autre dans son être et dans sa relation aux autres », J.-P. Raffarin a annoncé certains avantages sur le dossier des retraites : « les avantages familiaux, les cessations progressives d’activité, les mi-temps avec cotisations à taux plein sont maintenus ou améliorés. La prise en compte des années d’études sera rendue possible. L’accession à une seconde carrière sera facilitée ». S’agissant de la décentralisation, il annonce des négociations sur sa mise en oeuvre et le statut des personnels. Enfin, un » grand débat national sur l’avenir de l’école » aura lieu avec le Parlement, les syndicats et les jeunes. Le chef du gouvernement a terminé en mettant en garde les enseignants sur un éventuel boycott des examens : » Tous les défenseurs de l’école condamnent les actions répétées de blocage des centres d’examen, qui ne sont approuvées par aucune organisation syndicale et mettent en cause très gravement les droits fondamentaux des élèves et des étudiants. Le Gouvernement ne tolérera aucun débordement dans ce domaine qui est au cœur des devoirs de l’école de la République ». Le SGEN, le SNUIPP, le SNES, l’UNSEN CGT ont estimé ces propositions insuffisantes si ce n’est inexistantes. Ainsi pour le SNUIPP, le premier ministre prend » la lourde responsabilité de voir le conflit se poursuivre et même se durcir ».
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_030527173847.7nikjhy1.html
http://www.premier-ministre.gouv.fr/fr/p.cfm?ref=39701
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_030527183714.hv48rgg0.html
Grève et examens
Après Jean-Pierre Raffarin, Luc Ferry a annoncé son intention de ne pas tolérer le boycott des examens. Libération du 29 mai fait le point sur les sanctions possibles pour des enseignants qui s’opposeraient aux examens. Un flou juridique entoure la capacité à requérir des enseignants grévistes. Par contre la rétention de notes a déjà fait l’objet de condamnation. La FCPE a renouvelé une nouvelle fois son opposition à tout boycott des examens : « Les parents réaffirment que les examens doivent se dérouler normalement. C’est au gouvernement de prendre ses responsabilités pour mettre fin à une situation de blocage dont il est à l’origine et qu’il persiste à maintenir ». Mais elle appelle à participer à la grève du 3 juin. La PEEP a émis également une condamnation d’un éventuel boycott : » la PEEP estime scandaleux que des enseignants fassent la grève des notes, qu’ils entravent le déroulement de certains examens au mépris même de leur mission éducative. La PEEP estime de même inadmissible que des enseignants menacent de perturber l’organisation du baccalauréat et des examens de fin d’année, montrant ainsi qu’ils font peu de cas de l’inquiétude des élèves face aux échéances qui approchent et qu’ils respectent peu leur travail de l’année »
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=273
http://www.liberation.fr/page.php?Article=114166
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3230–320459-,00.html
http://www.peep.asso.fr/Flash03/flash14.htm
La révolte des enseignants vue par Le Figaro
» La révolte des enseignants est aussi révélatrice d’un malaise plus profond. Il se nourrit des tabous et des non-dits qui obscurcissent tout le débat sur l’éducation. Que doit-on enseigner à nos enfants? Peuvent-ils tous entrer dans le même moule? Les méthodes pédagogiques actuelles sont-elles les bonnes? Pourquoi la France est-elle, parmi les pays occidentaux, l’un de ceux qui dépensent le plus pour le primaire et le secondaire? Et pourquoi faut-il toujours plus d’enseignants et de moyens matériels alors que le nombre d’élèves ne cesse, depuis dix ans, de baisser? « Ces bonnes questions sont posées par Christine Clerc dans une grande enquête sur l’école pour Le Figaro. Des articles qui donnent la chair de poule, traçant le portrait d’établissements livrés à des hordes barbares et sauvageonnes et à des enseignants doctrinaires. Car, pour C. Clerc, l’école traumatise les bons élèves et tente de niveler par le bas, aidée en cela par les dispositifs transversaux : » Voilà comment s’est constituée une véritable école de l’apartheid. Et comment les professeurs sont devenus schizophrènes. Beaucoup d’entre eux prennent conscience que le seul moyen de relever le niveau serait de « revenir aux fondamentaux » au lieu de se perdre en « itinéraires de découverte » censés éveiller la créativité des enfants. « On a passé des semaines, raconte Madeleine P., professeur de lettres à Brive, sur le thème du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. Ça a fait plaisir aux profs. Mais les enfants ? On prétend apporter ainsi aux plus défavorisés une culture qui ne leur est pas transmise à la maison. C’est une idée simple mais bête : car ces « itinéraires » viennent à la place des enseignements de base, sans lesquels les enfants ne peuvent avoir accès à rien ». Conservatisme pédagogique et social se rejoignent dans ces articles. Et si on parlait des établissements qui arrivent à dépasser le double handicap des difficultés sociales et d’intégration ? Comment font-ils ? Le dossier du Café sur la violence scolaire montre que l’école peut aussi changer la donne.
http://www.lefigaro.fr/france/20030509.FIG0162.html
http://www.lefigaro.fr/france/20030519.FIG0123.html
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/violence_index.aspx