Le CNDP dans le numéro 36 consacré aux communautés en ligne et le numéro 37 consacré aux médias en ligne publiés en octobre et en décembre 2001 nous invite à nous pencher sur ce qui pourrait constituer une révolution dans la culture des enseignants et plus généralement dans les modes de circulation de l’information dans le système éducatif et à sa périphérie.
En présentant un ensemble de pratiques autour des communautés (numéro 36) en ligne le lecteur est invité à découvrir toutes les facettes que prennent ces pratiques : des listes de diffusion à l’écriture collective à distance en passant par l’analyse d’exemple de campus virtuel.
L’entrée en matière de ce dossier est constitué par une table ronde d’animateurs de listes de discussions. Les analyses qui suivent ce débat permettent de mieux comprendre le fonctionnement de cette nouvelle modalité de mutualisation des réflexions en nous permettant d’entrer dans « l’intimité » des fonctionnements de ces listes sur un plan anthropologique ou sociologique.
La particularité de ce dossier est qu’il permet de mettre en évidence la continuité entre une pratique personnelle des enseignants et des pratiques pédagogiques pour et avec les élèves. En effet les exemples comme ceux de Robin Delisle ou Michel Aguelon montrent comment les élèves peuvent aussi tirer profit de ce travail en communauté en ligne, constituant ainsi une communauté apprenante. Car c’est ce concept de communauté apprenante qui est en train d’émerger de cet ensemble de pratiques multiformes mais qui trouvent un point commun autour de la mise en commun de l’information au service d’objectifs pédagogiques.
Le parti pris du numéro 37 consacré aux médias en ligne est d’examiner les pratiques de type médiatiques au travers d’Internet. C’est à dire que l’on est dans l’analyse de pratiques déjà identifiées dans d’autres médias (audiovisuel, presse écrite) que l’on trouve sur Internet. La spécificité de ces pratiques peut se lire dès le premier article qui reprend un texte paru sur le site Internet du CNDP « nous sommes tous des auteurs, les élèves aussi » d’Odile Chenevez dont on connaît l’attachement, exprimé dans les ouvrages et textes qu’elle publie ou coordonne, à la fonction d’auteur comme modalité pédagogique d’apprentissage. En l’occurrence l’ensemble du dossier met en évidence que l’apport essentiel d’Internet est de rendre possible la diffusion d’une parole que les médias traditionnels ne permettait pas du fait de leur forme de fonctionnement et de financement. On y retrouve, comme dans le numéro précédent un ensemble de témoignages d’un grand nombre d’acteurs dont plusieurs membres du café pédagogique qui au travers de ce numéro est présenté en alternative à un texte de Gérard Puimatto sur la logique institutionnelle qui prévaut sur le Web. Le lien entre ces duex articles permet de mieux comprendre la distance et la proximité qu’il y a entre la logique institutionnelle de communication et les pratiques communautaires comme le café pédagogique ou encore infonews que présente Christine Reymond.
Comme dans le numéro 36, le lien entre une pratique d’enseignants pour eux mêmes et une pratique d’enseignants avec leurs élèves est placé sous le signe de la continuité. Ainsi en rapprochant les deux extrêmes, une pratique hors classe et une pratique en classe, ces deux numéros mettent en évidence l’émergence d’une culture professionnelle nouvelle chez cette catégorie d’acteurs. Alliant une pratique pour soi (la participation à des communautés ou des médias en ligne) et une pratique pour les élèves (la mise en place de lien entre les élèves dans le cadre de leurs apprentissages) , la pratique professionnelle se trouve enrichie et parfois même renouvelée. On pourrait ainsi voir l’émergence d’une nouvelle posture professionnelle de l’enseignant qui au travers de sa pratique de l’Internet construit aussi un nouveau rapport à sa pratique en classe et par là même à ses élèves.
Bruno Devauchelle
Cepec
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