Premiers pas vers l’éducation décentralisée
Le Monde publie le projet de loi constitutionnelle sur la décentralisation qui sera présenté en Conseil des ministres le 16 octobre. Celui-ci ouvre de nouvelles compétences aux régions puisqu’il reconnaît que les collectivités locales « ont vocation à exercer l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être mises en œuvre à l’échelle de leur ressort ». S’agissant de l’éducation, Le Monde donne en exemple la région Rhône-Alpes dont la présidente, Anne-Marie Comparini, demande un transfert important de responsabilités en matière éducative. Elle souhaite » recevoir en compétence exclusive, pleine et entière tout ce qui concerne le bloc éducatif, tant en formation initiale que continue » c’est à dire par exemple la totalité de l’apprentissage, du fonctionnement des lycées et du dispositif d’orientation des lycéens.
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3228–292985-,00.html
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3228–292988-,00.html
Naissance des ateliers – relais
Point fort des réformes annoncées par le ministre, les ateliers – relais voient officiellement le jour par la publication, au B.O. n°37, d’une convention passée entre le ministre de l’éducation, la Ligue de l’enseignement, les CEMEA et la Fédération nationale des Francas.
Cette nouvelle structure est destinée à » des élèves de collège, éventuellement de lycée, qui sont entrés dans un processus de rejet de l’institution scolaire. Celui-ci peut se traduire par des manquements graves et répétés au règlement intérieur, une forte agressivité vis-à-vis des autres élèves ou des adultes de la communauté scolaire, un absentéisme chronique non justifié, voire une déscolarisation. Ce désintérêt profond vis-à-vis du travail scolaire peut également se manifester par une extrême passivité, une attitude de repli et d’autodépréciation systématique, un refus de tout investissement réel et durable ». La structure est donc ouverte à des publics différents, y compris des jeunes décrocheurs.
Ils constituent » une modalité temporaire de scolarisation obligatoire » et ont pour objectif une rescolarisation du jeune en collège, en lycée professionnel, en apprentissage ou dans un parcours de formation. Dans ce but, les associations signataires mettent en oeuvre pendant le temps scolaire des activités et des actions de soutien et d’accompagnement individuel en lien avec les enseignants.
Les ateliers relais sont rattachés administrativement et pédagogiquement à un collège. Mais les locaux sont situés hors les murs du collège. Cependant la durée des moments hors collège est limitée à 4 semaines, renouvelables trois fois. On le voit la convention hésite entre deux logiques, celles de l’intégration et de l’éloignement. On peut se demander si l’éloignement hors des établissements scolaires est le meilleur moyen d’assurer une rescolarisation. Une quinzaine d’ateliers ouvriront leurs portes à la prochaine rentrée.
http://www.education.gouv.fr/bo/mentor/word//2002/bo37/r3.rtf
http://www.education.gouv.fr/bo/2002/37/default.htm
Repenser l’orientation scolaire ?
Le Conseil économique et social étudiera le 8 octobre un rapport de Claude Azéma sur l’école. Il demande une réforme de l’orientation scolaire afin que celle-ci reconnaisse un « droit à l’erreur » des jeunes et des changements de filière en cours d’année. Une recommandation déjà formulée dans le rapport de Nicole Belloubet-Frier.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_021007142308.rjoy5cxp.html
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/rapport/belloubet/belloubet.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep.html
Absentéisme : sanctionner les parents
L’objectif est clair pour le ministre de la Famille C. Jacob : Il faut » responsabiliser les parents par tous les moyens, et d’abord par la recherche d’un contact et d’un dialogue approfondi avec eux ». Le ministre a ouvert la première réunion du groupe interministériel, composé des ministres de la famille, de l’éducation nationale et de l’intérieur. On s’oriente bien vers des amendes en remplacement du dispositif actuel de suspension des allocations familiales.
Dans Le Monde du 2 octobre, Pierre Georges ironise sur le projet d’amende de 2000 euros : » 2 000 euros. Pourquoi pas 3 000. Ou 1 000. Ou 4 000. Mystère ! 2 000 euros, c’est un chiffre qui devait bien sonner. Un chiffre rond, dans l’arithmétique comptable de la pédagogie répressive. … Effet garanti. Ces 2 000 euros ont fait du bruit. Beaucoup de bruit… Une amende représentant près de deux mois de salaire est plus qu’improbable, impossible. Et stupide. Sauf à laisser ces familles sans moyens de subsistance, au nom du principe de responsabilité parentale. Et à cet argument de simple bon sens, dont on veut supposer qu’il n’avait pas échappé aux têtes pensantes de ce projet ubuesque, ajouter le dénuement familial à la démission parentale, s’en ajoute d’autres, plus profonds. Si effectivement cette démission parentale existe.., aucun enseignant, aucun parent, aucun responsable ne saurait soutenir raisonnablement qu’on va le résoudre par un coup de baguette, ou plutôt de bâton magique ». Le gouvernement entendra-t-il la voix de la sagesse ?
Le Monde donne également à entendre enseignants et élèves. Des témoignages que l’on peut résumer ainsi (en empruntant les propos d’une assistante sociale) : « ce n’est pas en pénalisant les familles au niveau financier que l’on fait revenir les jeunes en classe ».
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_021001165608.r289amvy.html
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3208–292721-,00.html
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226–292679-,00.html
Absentéisme : De la répression à l’assistance ?
Le groupe de travail interministériel sur l’absentéisme a commencé ses travaux et ouvert son site sur le serveur du ministère de la famille (et non de l’éducation nationale). Il s’intitule officiellement » groupe de travail sur l’aide aux familles afin de remédier aux manquements à l’obligation scolaire « . Cette appellation peu répressive veut-elle faire oublier l’effet fâcheux généré par le projet, enterré, d’amende ?
Le site publie les interventions des ministres en charge de l’éducation. Ainsi Luc Ferry précise qu’ » on a voulu faire croire que nous comptions remédier au problème par la répression, quand nous ne faisons que souligner la nécessité d’une véritable prévention de l’échec scolaire auquel mène immanquablement l’absentéisme « . Le ton est identique chez Xavier Darcos : » Le rappel de la règle de droit est certes indispensable, mais il ne suffit pas. Pour remédier aux manquements à l’obligation scolaire, il faut aider les familles, instaurer avec elles un dialogue confiant qui permette d’expliquer et de valoriser l’activité scolaire… Les familles et l’école ne peuvent aller l’une contre l’autre, elles doivent construire ensemble l’assiduité « . Mais le ministre ajoute : » les professionnels de l’éducation soulignent unanimement la nécessité de s’attaquer rapidement au problème de l’absentéisme. Cela ne pourra se faire que si l’infraction elle-même, ainsi que les responsabilités de chacun sont très clairement définies « . En l’occurrence on attend toujours un plan concret d’aide aux familles.
http://www.social.gouv.fr/famille-enfance/doss_pr/ob_scol/index.htm
Le 21 mars, le printemps de l’Europe
Les autorités européennes appellent les établissements scolaires des pays membres à s’associer au « Printemps de l’Europe » le 21 mars. Ce jour-là, ils organiseront une réunion avec les élèves, une conférence ou un débat sur l’avenir de l’Europe. Les établissements participants doivent s’inscrire. Ils recevront un brevet attestant d eleur participation.
Contact : brigitte.parry@eun.org
Alain Bentolila appelle à un effort de formation des adultes
Dans une tribune publiée par Libération du 30 septembre, Alain Bentolila, linguiste à l’université Paris V, dénonce le désordre administratif qui paralyse la lutte contre l’illettrisme. « Sur le terrain, les différentes administrations concernées par la lutte contre l’illettrisme fonctionnent en parallèle sans aucune synergie…. Quant aux associations, qui se dévouent souvent sans compter, elles sont en butte à une bureaucratie paralysante qui les place dans une situation de précarité interdisant toute innovation et formation sérieuses ». Pour lui, l’effort demandé au système éducatif n’est pas suffisant : « Il faut complémentairement aux réformes profondes que mérite notre système éducatif à bout de souffle, proposer sans tarder aux jeunes adultes illettrés une deuxième chance culturelle et sociale. Telle est l’oeuvre à laquelle doivent s’attacher les forces vives de la société civile alliées aux collectivités locales ».
http://www.liberation.fr/page.php?Article=56074