Pour ce dernier numéro de l’année 2002, cinq parutions nous ont amené à rédiger ces quelques lignes de présentation.
Sous la direction de Jérome Bourdon et Jean Michel Frodon, « l’oeil critique, le journaliste critique de télévision » (de boeck Bruxelles 2003). Cet ouvrage peut sembler lointain des préoccupations du pédagogue et pourtant il risque de s’avérer essentiel pour tous ceux qui veulent vraiment travailler l’image dans leur classe. En essayant d’expliquer le travail du journalisme critique de télévision les auteurs rassemblés dans ce livre nous permettent de comprendre la difficulté de la critique de télévision, ses partis pris et ses enjeux. Pour tous les enseignants lecteurs de ces critiques (le Monde, Télérama, le Figaro etc…) cet ouvrage permettra de prendre la mesure de ce qu’est ce travail, de ses démarches et ainsi de pouvoir aller au delà de ces mêmes critiques lues parfois sans discernement. Initier des élèves à la critique c’est aussi comprendre ceux qui en font métier. Voilà une véritable occasion de s’y mettre, surtout au moment où la télévision est attaquée pour ses effets….
Michel Arnaud et Jacques Perriault « Les espaces publics d’accès à Internet » (education et formation Puf Paris 2002)
Cet ouvrage a le mérite d’aborder un problème important : que fait-on réellement dans les espaces publics d’accès à Internet ? En fait derrière cette question se pose un problème essentiel : suffit-il d’équiper et d’initier ? A cette question les auteurs répondent clairement non. De fait réduire la fracture numérique ne se réduit pas à une manipulation technique mais bien à des usages sociaux. Or là les choses sont difficiles, d’abord à cause de la labilité des politiques publiques, d’une part, et à l’incertitude dans laquelle évoluent ceux qui ont en charge l’accompagnement des usagers. Savoir répondre à des besoins réels et apporter quelque chose d’utile aux personnes qui abordent Internet est essentiel pour assurer la pérénité des compétences. On s’est souvent satisfait à l’école comme en dehors des chiffres des installations, mais encore trop peu des usages réels. On pourrait se satisfaire d’un nombre de PIM (Permis informatique et multimédia) distribués. Là encore cela est nettement insuffisant. Il faut rendre possible un usage intégré à des modes de vie, c’est alors que ces espaces deviennent pertinents, encore faut-il que les décisions politiques aillent jusque là!
Marie Duru-Bellat, « les inégalités sociales, génèse et mythes (education et formation Puf Paris, 2002)
Deux phrases caractérisent bien cet ouvrage : « si les enjeux de l’éducation sont définis exclusivement en termes de productivité économique ou de mobilité sociale, il n’est pas certain que les politiques d’expansion continue des systèmes éducatifs soient justifiéesn sous leur forme actuelle dans les pays dévéloppés du moins. Mais on peut appréhender de manière sensiblement différente la contribution du système éducatif à la justice prévalent dans la sociét, comme y invietnt la philosophie politique et les théories de la justice. Ainsi, plutôt que de se focaliser sur le rôle de l’école en matière de mobilité sociale, (…) on pourrait s’intéresser davantage à l’égalité des expériences scolaires ou à une égalité de résultat définie comme l’atteinte par tous d’un niveau minimum commun dont la valeur serait intrinsèque et non distinctive ».
En d’autres termes, cet ouvrage arrive à point nommé dans le débat sur le collège unique. Marie Duru Bella dont l’approche analytique et quantitative est le point d’entrée nous permet de dépasser les querelles de surface et nous invite à la rigueur. Pas seulement celle des chiffres, mais surtout celle du projet réel de l’éducation qui au delà de simple chiffre sait que chaque individu est une trajectoire originale qu’il convient de ne jamais réduire aux seuls regards macro sociologiques, mais plutôt de mettre en évidence en relief de ce regard. Un relief qui peut sembler parfois très inquiétant en ce moment !
Philippe Meirieu « Repères pour un monde sans repères » (Desclée de Brouwer Paris 2002)
Saluons dans cet ouvrage le courage simple de nous rappeler à nous adultes, nos responsabilités. Et pas n’importe quelle responsabilité, celle d’éduquer. Car au travers des exigences exprimées à la fin de l’ouvrage c’est d’éducation qu’il s’agit. Par la mise en perspective de chroniques du « quotidien » parues dans La Vie, l’auteur invite le lecteur a faire du lien entre la vie de tous les jours et le sens que l’on peut y lire en matière d’éducation. Cet ouvrage qui s’adresse à tous les acteurs de l’éducation, et pas seulement à l’école nous amène aussi à considérer que l’acte d’éducation est d’autant plus difficile aujourd’hui qu’il est plus facile de tenir de grands discours et de jeter des jugements dans les médias que de s’engager dans une « analyse de pratiques » révélatrice du sens. Ce sens que souvent nous oublions d’y voir pour mieux écouter les « nouveaux maîtres à penser ». Philippe Meirieu réussit à se dégager de cette posture dans laquelle nombre de ses adversaires ont tenté de l’enfermer. Cet ouvrage est accessible à tous ceux qui pensent qu’éduquer est avant tout affaire de quotidien réfléchi.
Le numéro 6 de Médiamorphoses avec comme dosier principal « Quand les images rencontrent le numérique » (INA Novembre 2002). Numéro paradoxal qui s’ouvre sur une confrontation entre chercheurs sur la question « télévision média de la parole » et qui se poursuit sur la question de l’image numérique. Comme si, sans le faire exprès, cette revue avait mis en scène dans ce 6è numéro les deux extrèmités de l’audiovisuel renforçant ainsi la question. L’émergence de l’image numérique serait-elle l’annonce de la diminution de la place de l’oral, de la parole ? Comme si tout ce mouvement n’était que le signal d’une société dans laquelle la parole est en lutte contre l’image. En tout cas des question à explorer à partir de la lecture de ce numéro.
