Blandin Bernard, La construction du social par les objets, Puf Paris, 2002
L’ambition de Bernard Blandin se trouve précisément dans le titre de l’ouvrage qu’il publie suite à sa soutenance de doctorat. Quelle place donner à l’objet dans la construction du social ? Il y a une trentaine d’année, un enseignant de sociologie analysait les films allemands d’après-guerre en utilisant la place donnée au poste de radio dans le décor des intérieurs des habitations. Dans la même lignée, les enseignants d’ethnologie apprenaient à leurs étudiant à noter soigneusement la place des objets dans l’espace commun afin d’en retirer des enseignements.
Dans sa thèse,Bernard Blandin pose l’idée que non seulement les objets participent de la construction du social mais qu’ils en sont aussi la trace. Mais évidemment le terme objet pose problème en particulier du coté des psychanalystes (cf. la relation objectale et la symbolique). Ici « l’objet est une entité constituée comme un tout, extérieure au sujet et distinguée de lui comme telle. »(p.15)
En essayant de construire une sociologie prenant en compte le rapport aux objets, et en particulier, mais pas seulement leur usage, l’auteur se situe dans la continuité des travaux de Latour et Callon dans le cadre de la sociologie de la traduction. Il se situe aussi dans la continuité des travaux de chercheurs comme Goffmann qui a mis en évidence lui aussi les objets comme moyen de lire les relations humaines.
La lecture de cet ouvrage pourrait nous amener à penser que l’école qui aurait tendance à neutraliser les objets matériels dans son mode traditionnel d’enseignement (sauf dans certaines disciplines), car c’est l’esprit qui est supérieur, aurait tout à fait intérêt à réintroduire (surtout dans le secondaire) le rapport aux objets. On pourrait d’ailleurs penser que l’ordinateur dans la classe, en tant qu’objet, mérite qu’on y regarde de plus près, et Bernard Blandin nous propose un cadre pour réfléchir.
Bruno Devauchelle
Cepec