La chronique bibliographique que j’essaie d’animer chaque quinzaine est pour moi l’occasion en ce beau « moi de mai » si religieusement magique (cf les propos de L. Ferry et de JP Raffarin), de synthétiser un sentiment ressenti depuis le début de l’année. Les parents, les profs, les médias et le marché sont les têtes de gondole de l’édition qui s’intéresse à l’éducation.
Des parents on a tout dit, sans leur donner vraiment la parole et surtout oubliant même que ceux qui en parlaient en étaient…
Des profs ont parlé. Sous toutes les formes, on leur donne la parole. Ils dénoncent, ils énoncent, ils savent… qu’ils affrontent des moments difficiles qu’une société, prompte à les montrer du doigt refuse d’aborder globalement, en dépassant le seul cadre de l’école.
Des médias, des TIC, de la télévision, il faut faire le procès. Ce qui n’empêche pas ceux-ci de poursuivre leur déploiement mondial sans que personne n’y trouve à redire réellement. Cette tension est énorme et pourtant elle est totalement ignorée.
Du marché, autre diable de l’école républicaine, on dit tout et n’importe quoi, oubliant soigneusement que chacun d’entre nous entretient avec celui-ci des rapports ambigüs, en particulier depuis la fin de l’idéologie communiste.
Car finalement c’est l’ambigüité qui est le dénominateur commun de ces quatre thèmes. Il y a moi qui dénonce les autres et moi qui suis comme les autres (mais surtout ne me dites pas cela en face). En allant au supermaché, en regardant la télévision, en relevant mes messages électroniques, en lisant ces lignes sur mon écran, je suis moi et l’autre à la fois… Il faut beaucoup d’humilité pour accepter d’être cet autre avec les faiblesses que cela oblige d’admettre.
Cette chronique bibliographique a ceci d’intéressant qu’elle révèle à chaque fois à ses auteurs que toute parole sur l’autre ne peut s’extraire d’une parole sur soi et que le nier est vain, voire vanité.
Bruno Devauchelle
Cepec
