Le Lycée l’Oiselet est implanté dans une petite ville de province entre Grenoble et Lyon. Au cours des discussions avec les élèves, nous avons noté leur souhait de participer activement à la révolution des nouvelles technologies avec pour objectif une meilleure intégration à la société. Pour répondre à ces attentes, nous avons recherché des établissements scolaires à l’étranger pour développer, dès janvier 2000, un projet international accessible sur le site http://www.ac-grenoble.fr/wkto
Quels partenaires ? pour quelle activité ? quelle est la motivation des étudiants ? quelles difficultés rencontrent les participants ? quel avenir pour ce projet ? Telles sont les interrogations qui nous guideront dans cette présentation.
Les partenaires du dispositif wkto international.
Les établissements scolaires partenaires proviennent de 10 pays différents avec Le Cégep du Vieux Montréal au Canada, le Grg 1 Stubenbastei en Autriche, le Handelslehranstalt en Allemagne, l’Heinrich Von Gagern Gymnasium en Allemagne, l’Himmelev gymnasium au Danemark, l’Instituto Thomas Jefferson au Mexique, l’Ipsia Galileo Ferraris en Italie, le Ljusdals Gymnasieskola en Suède, le Lycée l’Oiselet en France, le Nystromska Skolan en Suède, la Shiba Commercial High School au Japon et le Sotungin Lukio en Finlande.
En France, le projet wkto concerne les étudiants des deux classes du BTS Force de Vente. Les étudiants du BTS Maintenance Industrielle sont en cours d’intégration. Chaque élève est membre d’une classe réelle et d’une classe virtuelle. La classe réelle, où les élèves utilisent leur langue maternelle, est divisée en 8 groupes. Chacun des huit groupes est affecté à une classe virtuelle différente. Chaque classe virtuelle est ainsi composée d’étudiants provenant de différents pays, et c’est la langue anglaise qui y est utilisée.
L’activité wkto international.
Il s’agit d’un espace scolaire virtuel avec ses 16 classes fréquentées par 328 étudiants âgés entre 17 et 20 ans et 19 professeurs membres d’une équipe pédagogique internationale. Les étudiants gèrent 16 plate-formes de communication sur l’Internet en totale autonomie. L’intégration et la formation des participants est réalisée en F.O.A.D. (Formation à distance).
Ces activités se déroulent pendant les cours d’anglais pour la préparation des sujets et les traductions, pendant les cours de mercatique pour la recherche documentaire et la rédaction des travaux en rapport avec l’économie et pendant les cours d’informatique pour les connections à l’Internet et la gestion de la plate-forme de communication.
– Dans une première démarche les étudiants apprennent à utiliser le système à l’aide d’un guide que le professeur canadien a mis en ligne : http://www.cvm.qc.ca/corton/wktocollaborativelearning/studentsmanual10.pdf
Il s’agit, pour les élèves d’ouvrir la plate-forme de communication, de rédiger quelques lignes de bienvenue en langue anglaise et de les publier. Ce texte sera lu par tous les membres de la classe virtuelle. Les étudiants en profitent pour faire connaissance et visitent l’espace de communication, l’espace réservé à leur présentation personnelle et l’espace de travail.
– Dès que les étudiant maîtrisent l’outil, ils commencent à communiquer avec les membres de leur classe virtuelle pour échanger des idées, poser des questions et organiser le travail au sein de leur classe virtuelle.
– Ensuite ils abordent la présentation individuelle de chacun des participants avec photographies et textes. Ils n’oublient pas de mentionner s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon car leurs prénoms sont souvent inconnus dans les autres pays. Ils parlent de leurs passions qui vont du hockey sur glace pour les nordiques aux activités citadines pour les habitants des mégalopoles.
– Enfin, les étudiants traitent le dossier concernant l’économie avec une activité de benchmarking. Il s’agit d’une démarche de progrès basée sur la comparaison d’activités au niveau mondial dans le but d’identifier des pratiques différentes et des pratiques performantes. Les étudiants de chaque pays sont invités à présenter des entreprises, des organisations et des métiers. Cette activité souvent illustrée de photographies donne aux étudiants l’occasion de découvrir d’autres cultures économiques.
– Les objectifs consistent à permettre aux étudiants de s’impliquer davantage dans leurs apprentissages, à s’organiser en réseau grâce à l’Internet, à développer leurs capacités à s’exprimer dans une langue étrangère en relation avec le cours d’anglais, à progresser dans l’utilisation des technologies de l’information et de la communication en relation avec le cours d’informatique, à développer leurs compétences dans la recherche documentaire et à découvrir des entreprises et des métiers en relation avec les cours d’économie. Il s’agit donc d’une activité pluridisciplinaire.
Comparé à un échange classique d’étudiants ou à un voyage d’étude, ce système est peu onéreux et permet des contacts avec de nombreux pays différents.
La motivation des étudiants.
Cette activité a permis de débloquer de nombreux étudiants qui n’osaient pas s’exprimer en langue anglaise tant à l’oral qu’à l’écrit. Ils ont découvert des entreprises très différentes de ce que nous connaissons en France dans le cadre du benchmarking en économie.
Il permet la formation civique du citoyen dans des environnements numériques : en effet, l’activité collaborative internationale en autonomie amène les étudiants de la même classe virtuelle à partager les mêmes pages d’un site. Chacun doit donc travailler avec beaucoup de précautions pour ne pas endommager les textes rédigés par les autres étudiants de la classe, insérer des photos sélectionnées pour leur intérêt, ne pas céder à la tentation de transformer leur espace commun en un lieu où la plaisanterie prend le pas sur le travail. En fait, ils apprennent très vite à travailler dans un esprit de respect mutuel.
Les étudiants en commerce sont fiers de participer à la promotion de l’activité. Le site wkto a été récompensé par une première place au concours national « les Nets d’Or @ l’Ecole » dans la catégorie Lycées en novembre 2001. Ce concours est fondé sur l’intérêt pédagogique d’un projet scolaire concrétisé sur l’Internet. Les critères de sélection des sites portent sur : le projet pédagogique, le travail coopératif entre plusieurs classes, la qualité du contenu, la qualité ergonomique des réalisations, les possibilités d’exploitation des réalisations dans le cadre scolaire. Les étudiants ont participé au Salon de l’Education de Paris Porte de Versailles en tant qu’exposant sur le stand du Ministère de l’Education Nationale dans la partie « Ouverture aux langues et aux cultures ». Le site est suivi par un système de compteur permet de connaître l’origine géographique des visiteurs : 95% des visites proviennent de l’étranger : Brésil, USA, Canada, Japon, Singapour, Hong-Kong, Inde, Europe.
L’opinion des étudiants et des enseignants.
L’équipe pédagogique internationale comprend 19 membres : Angelika Meneghetti, Annika Aringer, Arturo Barrera, Atsushi Hirano, Bernard Garcin, Birgit Adler, Caroline Orton, Clara Due, Denis Pivot, Jean-Marc Cournac, Jörgen Holmberg, Lena Widen Kornebaeck, Lene Struck Christensen, Marta Melis, Mary Vernet, Michèle Armand, Rieko Okada, Roswitha Winter-Stein, Tuija Kae. La majorité des professeurs enseignent l’anglais, les autres l’économie gestion ou l’informatique.
Une grande partie des professeurs participe à ce projet depuis deux ans. Ils rapportent que les étudiants apprécient le travail de communication effectué dans le cadre de wkto mais qu’ils ont des problèmes de manipulation car les indications figurant sur les boutons de commande de la plate-forme sont en Français. Les élèves Suédois signalent que les délais ne sont pas toujours respectés au sein des classes virtuelles qu’ils fréquentent mais considèrent que cette activité leur est utile. Les élèves Finlandais trouvent que le système est facile à utiliser quand il fonctionne normalement mais que certain jours les accès sont difficiles et qu’ils doivent recommencer l’opération à plusieurs reprises. Notre partenaire japonais souhaite une augmentation de la capacité d’accueil et suggère l’ouverture de 4 classes virtuelles supplémentaires pour la rentrée d’Août 2002. Il propose, d’autre part, la mise en service de la visioconférence pour développer l’aspect collaboratif du projet rejoignant ainsi les attentes de notre partenaire mexicain.
Les difficultés de recrutement des partenaires et d’organisation.
Actuellement nous devons contacter 1000 établissements scolaires pour obtenir 10 déclarations d’intention concernant la participation d’une classe au projet pour finalement conclure un accord de coopération.
Il faut aussi savoir que l’année scolaire débute en avril au Japon, en août dans certains pays européens et que les élèves Canadiens et Finlandais apprennent l’Anglais dans le cadre de modules de huit semaines consécutives.
Toutes ces contraintes ajoutées aux problèmes de maintenance du matériel et de rapidité des connections montrent qu’il faut s’armer de courage pour faire vivre une collectivité virtuelle internationale.
L’avenir du projet wkto international.
Nous devons aussi penser à l’avenir. Nous réalisons actuellement des essais de visioconférence pour pouvoir l’utiliser dans le cadre du projet 2002-2003. Nous allons aussi modifier notre cahier des charges et faire apparaître une activité de synthèse destinée à mettre en valeur les travaux des étudiants. Nous souhaitons accueillir de nouveaux partenaires étrangers pour mieux connaître leur culture et partager des idées et des savoirs.
Conclusion.
Le dispositif wkto est supporté par de nombreux outils TICE. Cette mise en situation des étudiants leur a permis de travailler de façon régulière dans un contexte novateur qui les prépare à leur intégration dans des organisations performantes. L’activité wkto favorise une relation de confiance et de respect mutuel entre les étudiants et les enseignants; elle permet de progresser de façon efficace; elle donne du sens à l’enseignement de la langue anglaise et aux communications via l’Internet, et finalement elle permet de mieux comprendre les enjeux économiques.
L’intérêt des étudiants pour ce projet est réel. Mais les efforts demandés aux étudiants et aux enseignants pour s’engager dans cette voie sont importants. Par conséquent cette opération ne pourrait se développer sans le soutien du Lycée l’Oiselet, du Rectorat de l’Académie de Grenoble et du C.R.D.P. qui nous accompagnent dans notre démarche.
Bernard Garcin et Mary Vernet.
Professeurs au Lycée l’Oiselet.