Un nouveau rapport de l’Inspection générale, rendu par Jean Jordy et publié en octobre 2003, fait le point sur la mise en oeuvre du programme de français en classe de seconde (publié dans le BO n°28 du 12/7/2001). Sur un ton tantôt sévère, tantôt flatteur à l’égard des enseignants, l’Inspection -qui ne signale pas « de professeurs qui négligent ou ignorent la lettre du programme imposé par les I. O. »– note toutefois que ces documents « ne demeurent qu’épisodiquement un adjuvant et que bien des recommandations ou exemples demeurent ignorés ou inexploités ». En outre, l’intérêt des nouveaux programmes serait d’abord de faire émerger une question qui « a le mérite de la lucidité » : « Comment être respectueux de la totalité du programme et cependant traiter en profondeur certains de ses points ? »
Le rapport insiste d’abord sur l’organisation de la progression annuelle
et notamment l’enchaînement des séquences ; trop d’enseignants pensent qu’à
un objet d’étude doit correspondre une séquence, et ils sont encore trop nombreux
à organiser les séquences comme une succession plutôt que comme
une progression, dans laquelle la notion de réinvestissement des acquis est
primordiale. La première séquence de l’année porte généralement sur la nouvelle
ou l’argumentation, mais « les projets fortement marqués par les individualités
des professeurs suivent ensuite des parcours singuliers et il s’avère difficile
d’indiquer des tendances ». Elles prennent la forme de groupements de
textes, généralement mieux conçus aujourd’hui, ou d’études d’oeuvres intégrales
qui, en revanche, se limitent trop souvent « à un choix de textes prélevés
dans l’oeuvre ».
La question des objets d’étude stigmatise le comportement conservateur du professeur de français, qui privilégie les perspectives traditionnelles, tandis que « les « nouveautés » [Le travail de l’écriture, Ecrire, publier, lire] apparaissent dans les cahiers de textes marginalisées ou traitées plus elliptiquement » : « Sans doute faut- il voir dans cette absence d’enthousiasme pour ces deux éléments constitutifs du programme la simple raison de la nouveauté. » Le rapport dénonce, parmi les approches traditionnelles, certaines pratiques figées, notamment à propos de l’étude de l’argumentation et de la lecture analytique. Enfin, il évoque certains points du programme « soit négligés (la francophonie), soit mal défendus par le texte officiel lui- même (le cinéma), soit dont la définition ou la perception désoriente (les registres) ».
Concernant l’étude de la langue, si l’Inspection note que beaucoup d’enseignants déplorent son « émiettement », elle évoque particulièrement la question de l’apprentissage du lexique qui « gagnerait à être plus consciencieusement entretenu ». Quant à l’oral, son traitement paraît être diversement perçu parmi les IPR, mais le rapport, s’il cite des propos d’IPR comme : « il n’y a pas – ou si peu – enseignement de l’oral », nuance ceux-ci et se félicite plutôt « de la prise en compte et de la pluralité, de l’inventivité des activités proposées ».
Restent les types de devoirs. Un constat pour la dissertation : son approche est très progressive sur l’année, et ne semble pas poser de problème. A propos du commentaire, en revanche, il est rappelé qu’il s’agit avant tout d’un compte rendu de lecture, et que l’aspect de la forme reste secondaire au regard de cet impératif. Enfin, à propos de l’écriture d’invention, le rapport note que cette nouveauté « est dans l’ensemble bien accueillie » et que « les professeurs ont mis beaucoup d’énergie, d’intelligence et … d’invention dans sa mise en oeuvre ».
On n’aura pas rendu totalement compte de ce rapport si l’on ne parle pas de la place qu’y ont prise – ou que n’y ont pas prise ?- les TICE : d’abord dans les pratiques personnelles des enseignants, qui, pour construire une séquence « ont moins recours aux documents d’accompagnement qu’à des revues pédagogiques, et de plus en plus fréquemment, via les listes de diffusion ou les moteurs de recherche, à des sites internet, personnels ou académiques ». Ainsi, si « on doit se réjouir de la curiosité des enseignants de Lettres soucieux d’échanger des pratiques », « le problème se pose de la fiabilité des sources, de la validité des propositions, voire de la correction et de la fidélité des textes littéraires intégrés aux sites consultés ». Enfin, concernant les activités pédagogiques intégrant les TICE, le rapport déplore qu’« aucun compte rendu, aucun rapport d’inspection ne font état d’un travail directement lié aux TICE en classe ». Il rappelle pourtant le rôle des groupes de réflexion qui éditent les sites institutionnels de Lettres : « Nous savons par ailleurs que des groupes nationaux et académiques – Lettres et TICE – travaillent à la mise en place d’outils, à la diffusion de pratiques, à la formation des professeurs. Au cours de notre enquête, le résultat de leur action et de leur engagement n’est pas apparu. Nous le regrettons vivement ».
Télécharger le rapport (format PDF)
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/francais_seconde_03.pdf
Aide pour lire le format PDF :
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
