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Qu’est ce qui peut pousser une ville moyenne à lancer un espace numérique de travail ? Le cas est assez rare pour que le Café soit allé interroger un responsable du projet et un directeur d’école. FJ- Où en est le déploiement du projet actuellement ? AG- La Ville de Limoges compte 74 écoles (9 500 élèves environ). A cette rentrée de septembre 2005, 46 écoles (maternelles ou élémentaires) comptant près de 6 000 élèves étaient opérationnelles. C’est-à-dire qu’elles sont équipées du matériel (classes mobiles et périphériques), couvertes en WIFI (réseau local sans fil via signaux radio) pour l’ensemble de leurs bâtiments, connectées à la boucle fibre optique haut débit du réseau des écoles avec un accès Internet haut débit sécurisé, et que leurs enseignants sont formés à l’utilisation des matériels et du portail. Il reste donc moins de 30 écoles à relier. C’est planifié pour la période de septembre 2005 à avril 2006. A la fin de cette année scolaire, l’ensemble des écoles de la Ville seront opérationnelles (équipement, raccordement et formations aux enseignants). Enfin, le conseil municipal a décidé d’ouvrir l’accès du Portail des écoles de Limoges à l’ensemble des 16 autres communes de l’agglomération de Limoges Métropole. A ce jour, 5 de ces communes sont candidates. FJ- Quels objectifs poursuivez-vous ? AG- Nous voulons assurer le même accès aux TICE à tous les enfants dans de bonnes conditions de confort et de sécurité. Pour cela nous allons apporter du service autour de l’outil informatique aussi bien du point de vue pédagogique qu’administratif ou en terme de communication vis à vis des parents d’élèves par exemple. Le projet vise aussi à développer de nouveaux usages pédagogiques et faciliter les relations entre les différents acteurs de la communauté éducative (enseignants, service municipaux, parents, académie et autres intervenants). Par exemple : l’enseignant organise une recherche Internet sur des ressources sélectionnées où les élèves pourront trouver matière à répondre aux questions qu’ils ont reçu dans leur messagerie. En fonction de la matière, la réponse sera soit manuscrite soit via un support numérique où les élèves devront rattacher des images à leurs réponses. Il y aussi des tâches informatiques : assurer la maintenance, la formation, l’accompagnement et l’expérimentation, uniformiser le parc informatique de façon à offrir les mêmes services à l’ensemble de la communauté éducative concernée, faciliter le suivi de ce parc et en optimiser la gestion. FJ- Mais qu’est ce qui peut pousser une municipalité comme Limoges, à lancer un projet aussi ambitieux ? AG- Après l’échec des différents plans de dotation systématique de matériel informatique dans les écoles, le choix avait été fait de dotation à la demande. Au fil des années, nous nous sommes aperçus d’un déséquilibre des équipements : certains passionnés demandant toujours plus et d’autres restant en retrait. Avec le développement du numérique dans la société, les élus ont considéré qu’il n’était pas possible de ne pas avoir une égalité des chances vis à vis de l’outil informatique. Pour garantir une implication de tous les acteurs, il fallait un projet ambitieux et commun à destination de l’élève. La mise en place dans les bibliothèques de la Ville d’Espaces Publics Numériques (lieu de mise à disposition gratuit de postes informatiques pour le public) nous a montré l’attrait de ces outils pour les publics jeunes. FJ- Quel a été son accueil chez les publics intéressés ? AG- Dans l’ensemble positif. Mais il faut nuancer. Chez les élèves, l’adhésion est immédiate et enthousiaste. Chez les enseignants, nous avons eu trois types de réaction : les pratiquants (ceux qui utilisaient déjà les outils informatique) ont été pour, les opposants (nous ne sommes pas formés, pourquoi faire ?, quel est le sens pédagogique de ces outils ?…) étaient bien évidemment contre. Les autres se sont déclarés en majorité plutôt pour mais avec des réserves sur le temps d’investissement, la formation, la maintenance. En fait, chez les enseignants, il faut démontrer l’intérêt des outils collaboratifs. Pour les directeurs, les gains sont plus flagrants notamment ence qui concerne leurs relations avec la collectivité locale. Du coté des parents d’élèves, là aussi l’accueil a été plutôt positif avec quelques craintes sur la protection des enfants (qui est sérieusement prise en compte). Cependant les parents sont peu utilisateurs : sur 6000 élèves moins de 50 comptes pour les parents. Les « opposants » adhèrent peu à peu au projet suite au constat d’avancement des travaux (respect des plannings annoncés), et à l’écoute et la prise en compte des remarques et des suggestions des différents acteurs. En résumé, l’accueil a été quand même positif. Nous nous sommes appuyés sur les enseignants « pratiquants » pour développer et améliorer l’outil (groupe de travail de huit enseignants). FJ- Mais, vu des élèves, le projet assure-t-il réellement plus d’égalité ou profite-il davantage a certains ? AG- Il assure plus d’égalité. C’est en fait un outil de remédiation qui permet aux élèves marginalisés (entre autre par les échecs ou les barrières qu’ils sont amenés à affronter) d’exprimer par ce nouveau média un potentiel qu’ils ignorent eux-mêmes. Et ceci est un constat non pas un voeu pieux. FJ- Après l’école il y a le collège. Les enfants ne risquent-ils pas d’être désagréablement surpris ? AG- Au jour d’aujourd’hui, oui. Mais nous sommes en relation avec le Conseil Général et le Rectorat pour développer des expériences d’ENT pour lesquelles nous sommes près à apporter notre expérience. FJ- Quelles difficultés avez-vous rencontré ? AG- La première c’est le partenariat avec les services déconcentrés de l’Education Nationale. Ils ont adhéré très vite au projet mais ce travail en équipe était une nouveauté pour eux et il a fallu du temps pour que l’implication soit satisfaisante. Nous avons créé un centre de ressources dont la vocation est la maintenance, la formation, l’assistance et l’expérimentation. La ville a fourni des locaux (150 m2) remis à neuf et créé 4 postes de techniciens informatique en plus du poste déjà existant. Ce concept a demandé de solides justifications. A mon sens, le projet ne peut-être pérenne qu’à ce prix. En effet, mettre près de 850 portables et leurs périphériques à la disposition de la communauté éducative ne peut se concevoir sans accompagnement humain. De plus, j’étais très attaché à ce que cet espace soit commun avec les équipes TICE de l’Inspection Académique qui a créé un poste assistant d’éducation dédié à ce projet. Ce centre permet de recevoir les enseignants avec le même matériel pour des formations ou des expérimentations. FJ- Quel avenir pour ce projet ? AG- Aujourd’hui, le bilan est positif. Les élus souhaitent maintenir un niveau d’investissement suffisant chaque année après 2006 (fin de la phase de déploiement du projet). Dés maintenant, nous travaillons avec l’Inspection Académique sur les contenus pédagogiques, des fiches de session et un livre blanc sur les nouveaux usages. Nous expérimentons le SI du 1er degré du Ministère afin d’intégrer la gestion des élèves dans le portail et d’offrir par son intermédiaire les outils de gestions nécessaires aux directeurs et aux services de la Ville. Le point de vue de P. Robert, directeur d’école : Tout d’abord, sur le plan administratif, tout le travail de saisie lors des inscriptions sera réalisé à la mairie ce qui devrait à terme nous décharger un peu. En ce qui concerne les demandes (fournitures, réparations, demandes de transport…) elles se feront automatiquement à l’aide de procédures enregistrées ce qui devrait encore faciliter notre travail par rapport au papier. Sur le plan pédagogique, le sujet est vaste, même si nous n’en sommes qu’au début de l’exploitation, car les possibilités offertes sont importantes. La correspondance et la collaboration avec les autres camarades de la ville est extrêmement riche : mise en place de défi mathématique, de défi lecture, la mise en place de collaborations sur des sujets scolaires, la mise en place de personnes relais pouvant aider lorsqu’un élève rencontre des difficultés… C’est aussi tout le travail concernant le BII qui se trouve facilité : utiliser une messagerie, enregistrer son travail dans un dossier… par exemple. Nous sommes en ZEP mais beaucoup de parents nous demandent des renseignements et l’achat des consoles semble avoir laissé place à l’achat d’ordinateurs. Ce qui me semble aller dans le bon sens. Le portail des écoles de Limoges
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