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Sarkozy veut moins d’Etat pour l’Ecole Nicolas Sarkozy a présenté un programme pour l’Ecole où reviennent deux mots : autonomie et liberté. C’est d’abord l’autonomie des établissements présentée comme « un facteur clé de la réussite ». Dans l’esprit de N. Sarkozy elle doit permettre une offre scolaire variée et mieux adaptée aux élèves. « C’est une réforme qui doit nous permettre… de supprimer la carte scolaire » annonce le président de l’UMP. « Je crois dans le libre choix des établissements par les parents ». Et il invite déjà l’Etat à favoriser et à autoriser l’ouverture de nouveaux établissements privés sous contrat dans les quartiers. « Pourquoi la possibilité de choisir l’enseignement privé serait-elle réserver aux beaux quartiers ? ». Sur le terrain pédagogique, N. Sarkozy souhaite davantage de sport et de langues (dès le CP). Il demande aussi que les enseignants soient rémunérés « au résultat » et par exemple qu’on paye davantage ceux qui font des études dirigées. Il semble d’ailleurs que ce soit déjà le cas depuis quelques décennies… La convention a été aussi l’occasion pour l’UMP de promouvoir les théories des ultra-conservateurs de l’Ecole, qui s’affichent comme les experts pédagogues de l’UMP : Marc Le Bris, M.-C. Bellosta. Que retenir du plan Sarkozy ? D’abord ses contradictions. Les établissements privés sont implantés plutôt dans les beaux quartiers parce qu’ils sont payants. Si l’Etat autorise de nouvelles ouvertures, il diminuera le pourcentage d’élèves de milieu favorisé dans les établissements publics. Il n’augmentera pas le pourcentage d’élèves défavorisés dans le privé. Quoiqu’en dise N. Sarkozy supprimer la carte scolaire et développer le privé augmentera la ségrégation sociale. C’est visiblement l’objectif recherché. Que dire de l’autonomie des établissements ? Peut-elle vraiment permettre le développement de projets pédagogiques originaux adaptés à des publics scolaires différents ? En théorie, oui. Dans la réalité on voit bien que très peu d’établissements privés ont su développer des projets originaux. Si l’autonomie administrative peut se décréter, l’innovation et la créativité pédagogique ne peuvent être propulsés hiérarchiquement. Pour en savoir plus sur cette journée, nous vous invitons à lire le reportage illustré de Patrick Picard qui a assisté pour le Café à cette journée de l’UMP. Les réactions syndicales à la convention UMP Le Se-Unsa a une réaction encore plus forte : » le plan de Nicolas Sarkozy ne vise pas à moderniser mais à casser le service public d’éducation… La suppression des ZEP ne réglerait en rien la question de l’insuffisante mixité sociale dans les établissements. Elle porterait un coup fatal aux efforts accomplis jusqu’alors par les différents acteurs de l’école pour agir ensemble sur un même territoire dans l’objectif de réduire les inégalités dans et hors l’école. L’individualisme exacerbé ne saurait tenir lieu de politique éducative. La suppression de la carte scolaire au profit d’une concurrence généralisée entre établissements ne ferait qu’étendre l’absence d’hétérogénéité sociale. Le phénomène de ghettoïsation qui touche certains établissements s’en trouverait renforcé ». 275 millions pour le privé selon le Se-Unsa « Une commune comme Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis qui n’a pas d’école privée devra financer la ségrégation sociale et payer pour ses résidents fréquentant l’école Saint-Louis ou Sainte-Clotilde du Raincy, commune riche limitrophe » déplore le Se-Unsa. La Plan violence de Robien Hélas tout se gâte quand le ministre parle du plan : il s’agit de mettre en place « des rapprochements et un partenariat plus resserré avec la police ici, la gendarmerie là ». Le ministre est favorable « à la présence d’un policier – ou d’un gendarme en zone gendarmerie – en permanence ou plusieurs fois par semaine dans les établissements ». Le premier ministre, lui, envisage « un véritable partenariat avec la police qui permette de répondre aux demandes des établissements scolaires, de répondre aux demandes de la communauté éducative ». Nicolas Sarkozy est lui aussi intervenu dans le débat affirmant « Il faut que l’école ait une loi: le règlement intérieur… On a le devoir de saluer son professeur, de ne pas garder son blouson et sa casquette en classe ». Des déclarations dont on peut pour le moins souligner la légèreté. Les établissements ont déjà des règlements intérieurs. Ils ne résolvent pas toutes les difficultés. Le partenariat avec la police est déjà effectif dans la quasi-totalité des établissements et il aide les établissements à gérer les difficultés quotidiennes. Mais on peut douter des effets bénéfiques du mélange des genres entre éducateurs et policiers. Une politique de lutte contre la violence scolaire ne se réduit pas au maintien de l’ordre. Comme le montre l’enquête du Café sur la violence scolaire, elle engage toute une communauté. Son succès dépend justement d’une bonne coordination entre les différents acteurs (éducation nationale, associations, élus, police etc.) ce qui suppose que chacun soit dans son rôle. Faire croire qu’on va faire face au problème uniquement par la présence policière, c’est encore aggraver la situation dans les établissements. En fait cette mesure participe de la dislocation des zep engagée par le gouvernement. Enfin comment ne pas souligner l’incohérence d’une politique qui supprime les aides éducateurs mais est prête à financer des policiers dans les écoles. Violence et médiatisation Face à cet usage médiatique de la violence scolaire, il n’est peut-être pas inutile de rappeler quelques chiffres, tirés d’une étude officielle. « On enregistre ainsi une hausse de 1% (en 2004-2005) par rapport à l’année scolaire 2003-2004, beaucoup plus modérée que celle de 12%enregistrée en 2003-2004. Comme les années précédentes, seule une proportion limitée d’établissements a signalé un grand nombre d’actes : la moitié des incidents sont déclarés par 10% des établissements seulement… Les auteurs et les victimes des actes de violence signalés sont en très grande majorité des élèves ». Sarkozy et le carnet de comportement Bilan positif de la loi sur le voile pour le ministère Elle se félicite également que » les dispositions de la nouvelle loi introduisent une rupture et rétablissent l’autorité des chefs d’établissement… Par ailleurs, les clarifications introduites dans les nouvelles règles du jeu ont fait disparaître (quasiment) les conflits opposant les enseignants à leur hiérarchie sur cette question ». Le rapport permet également une géographie du voile en France : 208 cas pour l’académie de Strasbourg, 118 à Lille 70 à Créteil et 31 à Montpellier. Mais il reste muet sur certains effets de la loi. Combien d’élèves sont parties à l’étranger ? Combien sont déscolarisés ? La règle de droit Vous avez un doute ? La première affaire établit que l’administration ne doit pas protection dans tous les cas. Dans la dernière, le principe de neutralité du service public devrait l’emporter. Mais l’affaire est en appel… Comptabilité des établissements Un nouveau recteur pour la Corse L’affaire Garfieldd bouscule le ministre Le Monde du 20 janvier apporte quelques éclaircissements sur l’attendu de la décision de révocation. Elle serait motivée par le fait que le proviseur aurait » diffusé des textes et des photos évoquant ses expériences sexuelles, parfois de manière explicitement obscène ou pornographique… Par ce blog il rend publiques des correspondances (…) avec d’autres détenteurs de blog qui lui répondent sur des thèmes manifestement pornographiques, l’un des correspondants, au moins, diffusant des photos où des mineurs sont représentés à côté d’adultes ». Or la consultation des archives du blog permet de constater que celui-ci ne contient pas de documents pornographiques. Son auteur ne saurait être tenu pour responsable des publications sur d’autres sites. Lui-même affirme dans Le Monde « Je veux bien admettre que j’ai agi avec légèreté et que j’aurais dû être plus prudent, car par recoupement on a réussi à m’identifier mais en aucun cas on ne peut m’accuser de diffamation ou d’atteinte aux bonnes moeurs. » De cette affaire on peut déjà tirer deux conclusions. La première c’est l’instrument de liberté que constitue Internet. C’est grâce à « Internet Archive », une association américaine, que le public a accès au contenu du blog Garfieldd et peut constater les failles de l’accusation. La seconde c’est, malgré tant de déclarations, l’inadaptation de la culture administrative française à l’Internet. Celui-ci bouleverse ses repères et conteste ses usages. Cet incident révèle l’opposition entre la culture du silence et de l’autorité verticale, qui est celle de l’administration, et celle d’Internet qui repose sur la diffusion de l’information par des réseaux horizontaux. Cette culture de réseaux, l’éducation nationale échoue à l’intégrer tant elle lui est étrangère, même si elle est particulièrement importante pour la diffusion de la formation pédagogique et son propre fonctionnement. L’affaire Garfieldd pose clairement les questions de l’égalité des droits des homosexuels dans l’administration et de la liberté d’expression de ses agents. A ces deux questions, il faudra une réponse ministérielle. Il n’est pas indifférent de voir à nouveau le ministre déjuger son administration. Le proviseur blogger suspendu Les éditeurs scolaires se rebiffent « Le choix des manuels est fait collectivement par les enseignants après consultation de l’intégralité des ouvrages proposés. Cela garantit une indépendance certaine vis-à-vis des groupes de pression qui se manifestent régulièrement auprès des maisons d’édition ». Qui peuvent bien être ces « groupes de pression » ? Des élus UMP ont vilipendé les manuels d’histoire sur la place, « pas assez positive », qui y serait faite au colonialisme français. Plus récemment, le ministre de l’éducation nationale a critiqué les manuels de lecture et convoqué les éditeurs.
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