Réforme du lycée : L'appel de Touche pas ma zep
Soyons justes : le gouvernement n’ignore pas les inégalités sociales de réussite scolaire, et dit vouloir les combattre... Mais entre le CP et la L1, rien : tout se passe comme si, dans les réformes en cours ou en projet, les inégalités s’évaporaient soudainement entre l’enseignement primaire et l’enseignement supérieur. Le rapport Mathiot accomplit ainsi l’exploit de ne jamais évoquer, en 65 pages, la corrélation massive et persistante entre les résultats au baccalauréat et l’origine sociale des lycéens qui le passent", écrit le collectif Touche pas ma zep dans le Bondy Blog.
Le collectif s'était mobilisé en 2016 pour obtenir l'inscription de lycées des quartiers populaires dans l'éducation prioritaire. Dans le Bondy Blog il interpelle le nouveau ministre sur sa réforme du lycée, alors que la carte de l'éducation prioritaire doit être revue pour 2019.
" Nous qui enseignons dans des lycées de quartiers populaires, savons tout le prix d’un accompagnement pédagogique renforcé. Travaux en petits groupes, partenariat avec des institutions culturelles et des artistes pour monter des projets, projets interdisciplinaires d’enseignants d’une même classe, tutorat individualisé, enseignements différenciés, etc. – l’école peut conjurer les déterminismes sociaux, dès lors qu’elle donne plus à ceux qui ont moins : c’est le principe même de l’éducation prioritaire... Les dotations annuelles allouées aux établissements viennent d’être annoncées. Nous constatons qu’elles sont en baisse dans la plupart des lycées accueillant une majorité d’élèves issus de milieux populaires. Les conséquences seront très concrètes : augmentation des effectifs par classe, suppression des cours en petits groupes et des projets d’ouverture culturelle ou de soutien aux élèves. Comment espérer réduire l’inégalité des chances avec des terminales à 35 dans des lycées qui devraient relever de l’éducation prioritaire ?", écrit le collectif. " Réformer le lycée sans affronter son échec principal – la persistance d’inégalités sociales massives face aux filières et face au baccalauréat – serait un gâchis déplorable. Prétendre le faire tout en liquidant l’éducation prioritaire, une hypocrisie majeure."
Par fjarraud , le vendredi 16 février 2018.