Refondation : Déjà la fin de partie ?
L'écrasante défaite gouvernementale du dimanche 29 mars marque -t-elle la fin de la réforme de l'Ecole ? Une nouvelle étape s'ouvre-t-elle pour l'Ecole : l'attentisme.
Alors que le ministère doit enchainer d'ici la fin de l'année le bouclage des nouveaux programmes et la fin de l'application de la loi de refondation de l'Ecole, les résultats des élections départementales semblent tout remettre en question.
Les électeurs ont massivement voté pour l'opposition réunie dans l'UMP. Or le programme éducatif de l'UMP, tel qu'il est présenté sur son site, est aux antipodes de celui porté par Vincent Peillon et le gouvernement actuel. Dans un communiqué du 11 mars , Luc Chatel, conseiller politique de l'UMP, évoque "la vraie fausse réforme" du collège pour mieux marquer ce qui sépare l'UMP de la réforme gouvernementale : "nous somme spour le collège pour tous y compris en instaurant le préapprentissage, Mme Vallaud Belkacem renforce la vieille lune du collège unique"... En matière de carte scolaire, nous sommes pour la liberté". Sur le primaire, le 10 février, Valérie Débord évoque la "néfaste réforme" des rythmes scolaires, néfaste pour les enseignants, les parents et les enfants. Le 20 janvier, l'UMP fait ses propositions pour l'éducation en revendiquant la possibilité pour les établissements d'imposer l'uniforme, l'interdiction du voile pour les accompagnatrices des sorties scolaires. Plus récemment le président de l'UMP s'est prononcé contre les menus de substitution au porc dans les cantines.
Début mars, un sondage BVA montrait que les sujets scolaires, même les plus techniques, sont devenus un enjeu politique. Ainsi, 54% des sympathisants de gauche sont favorables à la réforme des rythmes, 86% des sympathisants de droite sont hostiles alors même que le traitement concret de la réforme est purement local.. 46% des sympathisants de gauche soutiendraient une évaluation sans note mais seulement 11% des sympathisants de droite. Voilà deux questions qui sont complexes mais qui sont tranchées nettement par l'appartenance politique.
La politisation des questions scolaires liées à la victoire éclatante de la droite aux départementales, viennent d'envoyer à l'institution scolaire un message clair : ce qui est en train d'être construit sera démoli demain. Pour de nombreux cadres du système i va être temps de se hâter lentement sur le chemin de la réforme...
François Jarraud
Par fjarraud , le mardi 31 mars 2015.