Info ou intox sur le web, comment faire la différence ?
« Un jeune sur cinq croit à la théorie du complot », déclare notre ministre de l’Éducation Nationale. Il est grand temps d'agir de remédier à ce constat et de donner quelques indices essentiels aux élèves pour se retrouver dans le dédale de la toile. C’est l’objet de cette séquence. Un projet, ventilé sur huit séances, que je mets en pratique dans une classe de CM2 à Taninges en mars et avril, période choisie pour participer à la Semaine de la Presse et des Médias dans l'Ecole, qui se déroule cette année du 23 au 28 mars.
Pour reconnaître une « fausse information », il faut d’abord comprendre ce qu’est une « vraie » info. Comment elle est traitée, mis en page, diffusée. Quels sont les différents médias. Comment travaillent les journalistes. Leur profession exige un travail scrupuleux : collecter, vérifier, trier, synthétiser, analyser et commenter les faits. Sans oublier de mettre en lumière les différents points de vue, souvent contradictoires, de tous les protagonistes concernés par un événement. Par exemple, pour couvrir une manifestation contre la chasse, il faut donner la parole aussi bien aux chasseurs, qu’aux défenseurs des animaux. D’où l’intérêt de débattre avec les élèves des notions d'objectivité, de subjectivité et de partialité pour développer leur esprit critique. Un esprit critique qui doit être d’autant plus en alerte sur internet où n’importe qui peut écrire n’importe quoi, sans être soumis à aucune règle déontologique.
Alors, infos ou intox, comment faire la différence? La mise en page des vrais et faux sites d’informations est très similaire. En comparant les « unes » du « figaro.fr » et du « gorafi.fr , les enfants comprendront combien sur le net l’apparence est trompeuse. En surfant sur la toile, ils sont amenés à croiser canulars, rumeurs, calomnies, diffamations, incitations à la haine, propos racistes, xénophobes.
Pour se faire une idée sur la fiabilité d’une information, les élèves découvriront l’importance des sources. Pour vérifier sa véracité, ils apprendront à entrer dans le cœur de l’information en la disséquant méthodiquement : qui en est l’auteur, dans quel média est-elle parue, à quelle date ; de quel événement est-il question ? Où, quand, avec qui, comment, pourquoi a-t-il eu lieu ?
Ils apprendront aussi à décrypter les images. Photos truquées, légendes mensongères, nombreux miroirs aux alouettes tapissent le net. Clichés de stars et mannequins sont parfois tellement retouchés qu’ils renvoient une image déformée de la réalité. Avec le jeu du « hoaxbuster », les élèves, à l’instar de chevaliers du web en quête du Graal , à savoir de la vérité, devront démasquer les fausses informations. Pour l’occasion, ils s’inventeront un costume.
Enfin, en troisième partie, les élèves aborderont l’information et la communication sur internet et les réseaux sociaux. Les avantages, risques, dangers et règles de prudence. Ils élaboreront une charte illustrée avec les règles d’utilisation d’internet à l’école. Gageons que l’expérience leur sera profitable et les aidera à devenir des « e-citoyens » responsables et avertis pour éviter de se faire berner et manipuler.
Rose-Marie Farinella
Enseignante à l’école primaire de Taninges et ex-journaliste
Par fjarraud , le vendredi 27 mars 2015.