Colloque de Sèvres : Quels discours sur l'éducation ?
Cet atelier proposait d’approcher la question de l’éducation à partir des récits et des discours élaborés dans quatre pays d’Asie, à savoir Le Pakistan, le Vietnam, la Corée du sud et la Chine, utilisés pour justifier les orientations générales et les politiques concernant le système éducatif.
Les différentes présentations font apparaître que les discours dominants sont d’une manière ou d’une autre influencés par l’histoire du pays et les différentes occupations coloniales ou post-coloniales pour le Vietnam et le Pakistan mais aussi les religions dominantes ( l’Islam au Pakistan), le Confucianisme au Vietnam à l’époque où le pays est occupé par la Chine, ainsi que l’idéologie communiste qui sert de modèle dans le système éducatif vietnamien. Le système éducatif de ces deux pays est marqué par différentes étapes d’un processus d’identification.
Chacun a tenté à la fois de digérer son histoire et de s’en démarquer pour construire sa propre identité. Cette nouvelle identité véhicule une idéologie qui a façonné les systèmes éducatifs ( les études pakistanaises et les études islamiques deviennent obligatoires à l’école au Pakistan à partir de 1971). Au Vietnam, la vision officielle est centrée sur le rôle du Parti. Un espoir de changement toutefois dû à une évolution des mentalités et à une ouverture sur le monde pourrait permettre au Vietnam de donner une image moins orientée et plus réaliste de la complexité de l’histoire de l’éducation vietnamienne, véritable creuset d’influences. Au Pakistan comme dans tous les autres pays d’Asie, l’idéologie nationale cherche à s’adapter à la mondialisation et les différents systèmes éducatifs sont en recherche de moyens de s’adapter au discours de la mondialisation. La question est de pouvoir s’adapter aux nouveaux défis mais tout en gardant une identité propre. Par exemple en ouvrant les programmes scolaires aux diversités culturelles mondiales. Pour cela, ils doivent faire face à des discours concurrentiels élaborés par strates qui constituent un socle historique et culturel spécifique qui s’insèrent tant bien que mal dans la société actuelle de chacun.
La compétition mondiale est sévère et même quand les résultats s’avèrent excellents au classement PISA comme pour la Corée du sud, celle-ci très soucieuse de l’image qu’elle véhicule dans le monde se voit contrainte de faire évoluer son système éducatif et de mettre en place de nouvelles réformes pour répondre aux critiques acerbes du monde extérieur, notamment les Etats-Unis qui leur reprochent un manque total de créativité. De gros efforts ont été faits dans ce sens, l’actuel gouvernement entré en fonction en 2013 met la « créativité » et le « développement de la personnalité » au centre de sa politique éducative. Ces réformes souvent prises rapidement ne tiennent pas assez compte des points forts de l’éducation coréenne « classique », car il y en a. En insistant sur les apprentissages fondamentaux, elle permettrait de donner une chance à tous, ce qui ne serait pas le cas de la politique actuelle.
Ces excellents résultats se retrouvent en Chine pour la ville de Shanghai mais ici avec des interrogations différentes : Qu’est-ce qui permet cette réussite ? La méthode de la mère-tigresse issue de la culture traditionnelle chinoise ? La culture du travail et du mérite issue de Confucius ? La prédominance absolue des diplômes universitaires dans la société actuelle ? Tous ces paramètres contribuent à la spécificité chinoise auxquels il faut ajouter la modification du statut social par le travail « dur » qui est devenue une motivation intrinsèque des jeunes chinois. Mais là aussi, le regard du monde a beaucoup d’importance et des réformes sont tentées pour plus d’ouverture et plus d’épanouissement.
Bernadette Tresfels
Les fiches et les contributions du colloque
Par fjarraud , le mardi 17 juin 2014.