Congrès du Snes : Quelle stratégie à quelques jours des élections ?
Par François Jarraud
Dans quel état d'esprit le Snes aborde-t-il son congrès ? Du 2 au 6 avril, le Snes, premier syndicat enseignant du second degré mobilise durant une semaine ses cadres. Le dernier congrès remonte à 2009 et c'est à la fois un bilan des actions menées qu'il faut tirer et des perspectives pour l'avenir qu'il faut dessiner. A côté des 400 militants du Snes, le congrès accueille des experts, comme le sociologue Robert Castel, chargés de mettre en perspectives les préoccupations des syndicalistes. Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes, répond à nos questions.
Le congrès va avoir lieu avant les élections présidentielles. Pourquoi ne pas le mettre plutôt après ?
On veut se poser les questions de la stratégie à adopter dans ce contexte particulier préalablement à l'élection. Le congrès nous permettra de lancer un appel avant les élections sur l'avenir à long et moyen terme du système éducatif et les missions des personnels. C'est d'autant plus nécessaire que l'actuel gouvernement laisse l'Ecole dans un état sinistré. Comme dans certaines grandes entreprises publiques, les personnels ont un fort sentiment de perte de sens dans l'exercice du métier. Ils sont victimes des discours sur l'individualisation qui consacrent les inégalités et renvoient les difficultés vers l'individu. Au final, les personnels finissent par ne plus savoir pourquoi ils travaillent. La généralisation des évaluations par exemple crispe les enseignants et attaque la mission centrale des professeurs.
Quels vont être les grands thèmes du congrès ?
On va parler de la réforme, vraiment mal pensée, de la formation des enseignants, de la crise du recrutement qui en découle, de l'aggravation des conditions de travail, bien sur de la revalorisation. Après il y a des questions qui concernent certains niveaux. Par exemple, au collège, l'abandon du socle commun et du livret personnel de compétences, l'articulation entre le collège et l'école et le lycée, les pratiques pédagogiques permettant de raccrocher les élèves en difficulté. Il sera aussi question de l'abandon de la réforme de la voie technologique en STI qui est désastreuse. Mais on rappellera aussi nos exigences d'un moratoire de la réforme du lycée où les enseignements d'exploration déstabilisent les enseignants avec des contenus qui ne passent pas.
La question de l'évolution du métier va être soulevée ?
On a beaucoup écrit sur le collectif de travail, une approche moins individualiste du métier d'enseignant. Il faut certainement revisiter le métier et inscrire dans les textes un forfait qui prenne en charge le travail collectif.
Depuis quelques semaines vous faites campagne sur les programmes d'enseignement. Vous souhaitez leur réforme ?
On ne peut plus rester dans une situation où les programmes sont construits par quelques experts sans aucune écoute des professeurs. On aboutit à des programmes qui ne font plus sens pour les enseignants soit parce qu'ils sont pléthoriques soit par le choix des contenus comme en SES ou en histoire-géographie. Il faut aussi que les programmes fassent sens dans le rapport entre les différentes disciplines, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
On souhaite ne pas rester sur la seule question des moyens et des structures du système mais aussi aborder la question des apprentissages des élèves. Que doit-on enseigner ? Quel rôle peuvent jouer les nouvelles technologies dans l'enseignement ?
Vous avez des exigences immédiates pour le nouveau gouvernement ?
Il faut impérativement un collectif budgétaire pour recruter de nouveaux enseignants et rétablir une année de stage pour eux même si on sait bien que ce sera dans des conditions difficiles. On demande une révision du bilan de la réforme du lycée. On veut un bilan sérieux. On pose la question des évaluations au collège et du livret personnel de compétences. Et bien sur on demande le retrait des textes sur l'évaluation des enseignants.
Propos recueillis par François Jarraud
Le programme du congrès
http://www.snes.edu/-Congres-du-SNES-Reims-2012-.html
Par fjarraud , le jeudi 29 mars 2012.